Crash vol russe / EI : débat entre journalistes spécialisés
24 heures après l'évènement, qui a fait 224 morts, impossible pour le moment de savoir pourquoi le vol Charm el-Cheikh - Saint-Petersbourg de la compagnie Metrojet s'est écrasé. Tout juste sait-on que les autorités ont perdu tout contact avec lui 23 minutes après son décollage, samedi 31 octobre 2015, avant qu'il sécrase dans le Sinaï. Mais qui croire entre les revendications terroristes, et le démenti russe qui évoque des défaillances techniques ? Les journalistes spécialisés français s'interrogent donc et donnent leur interprétation des faits, notamment sur la revendication du groupe EI, sur Twitter.
Le journaliste de RFI, David Thomson (ici sur notre plateau), détaille les raisons pour lesquelles il considère "crédible" la revendication de l'EI. "L'EI n'a jamais rien revendiqué de façon opportuniste alors qu'il aurait pu le faire et ses revendications depuis 2 ans ont été jusqu'ici vérifiées, rappelle-t-il, écartant a priori la piste d'un missile. Les Russes sont parmi les étrangers les plus nombreux au sein de l'EI. Un Russe de l'EI a pu se trouver dans l'appareil et provoquer son crash." Sur le "sérieux" des revendications de l'EI, Thomson est notamment rejoint par Wassim Nasr, de France 24 (ici sur notre plateau), qui note par ailleurs que "le fait qu'Air France, Luftansa et Emirates suspendent les vols au Sinaï prouve qu'ils prennent la piste de l'attentat au sérieux".
Peut-être, mais l’État Islamique n'a jamais "abattu d'avion non plus", répond le rédacteur en chef au Monde, Christophe Ayad à Thomson. "Ça m'a l'air assez foireux", commente-t-il. Idem pour le journaliste freelance Nicolas Henin : "Il est évident que l'EI s'est caractérisé jusqu'à présent par des revendications sérieuses. Mais la plupart des revendications venaient de la zone Syrie/Irak. La filiale "willaya Sina" [égyptienne] manque pour le moment de track record pour qu'on puisse garantir le sérieux de sa comm'", estime-t-il. Mais les derniers éléments donnés par les médias russes, sur une "dislocation en vol" de l'avion font pencher Henin du côté de Thomson : "Je suis sur le point d'avaler mon chapeau et admettre la revendication EI..."
"Dans tous les cas les explosifs ont des impacts tels (perforation fuselage et traces chimiques) qu'on devrait avoir très vite la réponse", estime par ailleurs Henin. Pas sûr pour Thomson : "Difficile d'imaginer que l'analyse des boîtes noires soit transparente dans un pays comme l’Égypte sur un avion russe de surcroît".
L'occasion de voir notre émission sur la com des djihadistes avec David Thomson : Etat islamique: "Rien n'est diffusé sans l'accord du ministère de l'information"
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