Ces dernières semaines, un homme a appelé, à plusieurs reprises, la chaîne ABC News. Il avait une histoire à raconter mais refusait d'en dire plus par téléphone. Il souhaitait faxer certaines informations.

Hier, près de deux heures après le meurtre de deux journalistes à Moneta (Virginie), ABC News a reçu le fax en question, signé Bryce Williams, nom sous lequel travaillait le tueur. Deux heures plus tard, le téléphone sonne dans la rédaction de la chaîne. A l'autre bout du fil, Williams. "Mon vrai nom est Vester Lee Flanagan. J'ai tué deux personnes ce matin". Le temps d'ajouter que les policiers le poursuivent et sont "partout" et il raccroche. Il est depuis mort de ses blessures, après avoir tenté de se suicider.

Que contenait donc ce fax de 23 pages ? ABC News en a publié de très brefs extraits sur sa chaîne et résumé le contenu de ce manifeste sur son site internet.

Capture du fax (ABC News)

"Pourquoi j'ai fait ça ? J'ai acheté une arme le 19 juin 2015", explique l'ancien journaliste. "La tuerie de Charleston avait eu lieu le 17 juin 2015. Sur mes balles étaient gravées les initiales des victimes". C'est donc l'acte commis fin juin par Dylan Roof, un jeune Blanc de 21 ans partisan de la "suprématie blanche", qui a semble-t-il poussé l'ancien journaliste à passer à l'acte : "En ce qui concerne Dylann Roof ? Tu veux une guerre raciale ? Allons-y", écrit Williams.

Le reste du manifeste est plus décousu. D'un côté, le tueur exprime son admiration pour les auteurs de la fusillade de Columbine, le 20 avril 1999 dans un établissement scolaire américain. D'un autre, il affirme avoir été victime de racisme lors de son passage sur la chaîne WDBJ7, entre mars 2012 et février 2013. Des accusations balayées par le directeur de la chaîne, Jeffrey Marks, pour qui le tueur était un "homme malheureux", qu'il affirme avoir viré "après de nombreux incidents liés à sa violence". "Ils ont ruiné ma vie", écrit l'auteur du double meurtre dans le document faxé à ABC. Il avoue aussi avoir tué ses chats dans la forêt "à cause d'eux".

"Je suis une poudrière humaine depuis un bon moment"

Celui qui, sur les réseaux sociaux, se décrivait comme un Témoin de Jéovah ajoute dans le manifeste : "Je sais que je sonne comme un type en colère. Je le suis. Et j'ai toutes les raisons de l'être (...) La fusillade à l'église a été le point de basculement... mais ma colère s'est construite sur la durée. Je suis une poudrière humaine depuis un bon moment. Juste en attente d'un BOUM".

L'occasion de relire notre article : "Deux journalistes américains tués en direct par un ancien collègue".