Le groupe NBCUniversal, propriétaire de plusieurs chaînes de télévision (NBC News, MSNBC) et d’un studio de cinéma (qui a récemment produit Jurassic World, meilleure sortie mondiale de tous les temps) a la main généreuse ces derniers temps. Après avoir investi 200 millions de dollars dans Vox Media (qui détient plusieurs sites dont le site spécialisé dans les nouvelles technologies The Verge), le groupe audiovisuel a remis ça, mardi 18 août 2015, en injectant la même somme dans le capital de Buzzfeed, le site qui a démocratisé les listes, le native advertising et les chats, et restera actionnaire majoritaire.

En comparaison, Jeff Bezos, n’avait dû débourser “que” 250 millions de dollars pour s’offrir 100% des parts du Washington Post. “C’est un moment fascinant pour l’industrie des médias : les plateformes sociales, numériques, mobiles et télévisuelles convergent et ouvrent de nouvelles possibilités de toucher des publics mondiaux”, estime Jonah Peretti, PDG de BuzzFeed.

Pourquoi ce nouveau partenariat, très similaire à celui signé par Vice Media en 2014 avec la chaîne câblée A & E Networks ? "Les deux entreprises évoquent de possibles partenariats et synergies, citant les émissions ou séries télévisées, les films, les Jeux olympiques (dont NBCUniversal détient les droits de diffusion) ou les travaux pour des agences de publicité ou des marques”, indique le journaliste du Monde, Alexandre Piquard.

Plus de la moitié du budget éditorial dans la pub

Les finances (florissantes) de BuzzFeed ont fait parler ces derniers temps. Le 12 juillet, le site américain Gawker publiait des documents internes de la société, permettant d’attester de sa bonne santé financière. Un exemple ? En 2013, BuzzFeed a gagné 7 millions de dollars, pour un chiffre d’affaires de 65 millions. Un an plus tôt, le site affichait une perte nette de plus de 4 millions de dollars.

Ces documents permettent surtout d’avoir une idée plus précise de la stratégie de BuzzFeed : selon Gawker, le site dépenserait, depuis 2011, une grande partie de son budget éditorial pour... promouvoir ses contenus en ligne. Pour les médias au portefeuille bien rempli, il est en effet très simple de mettre en avant ses publications sur le net. Sur Facebook, par exemple, il leur suffit de cliquer sur le bouton "Booster la publication".

Cas pratique : si @si voulait booster son contenu "Porte viré de RTL" sur Facebook, il nous faudrait payer : 27 euros pour toucher quelques milliers de personnes. Ou 999 999 euros (la limite est fixé à 1 million) pour que cette publication s'affiche sur le fil d'actualité de 6 à 10 millions de personnes. Les médias peuvent même personnaliser leur audience. Vous voulez toucher 1 million d'internautes, nés en Allemagne, âgés entre 18 et 32 ans et fans de science-fiction ? Facebook s'occupe de tout.

"Booster" sa publication, mode d'emploi

Facebook permet de "créer" son audience en définissant l'âge, le pays, le sexe et les centres d'intérêts des personnes visées

Et les chiffres de Gawker donnent le tournis : en 2011, BuzzFeed, qui disposait d'un budget éditorial de 858 780 dollars, en aurait dépensé 662 4376 pour assurer la promotion de ses contenus sur le net. En 2013, le budget éditorial a augmenté, celui de la pub aussi : sur plus de 11 millions, Buzzfeed en aurait dépensé plus de 9 pour promouvoir ses contenus.

Les relations devraient donc rester cordiales entre le site américain et ses annonceurs : en avril 2015, la version américaine de Buzzfeed s'était faite remarquer en supprimant -puis en rétablissant- deux billets qui critiquaient ouvertement deux marques, Dove et Hasbro, tous deux annonceurs sur BuzzFeed.

L'occasion de relire notre article : "Buzzfeed modèle absolu de la presse en ligne ?".