#TelAvivSurSeine : autopsie d'un buzz (Rue89)
Brève

#TelAvivSurSeine : autopsie d'un buzz (Rue89)

D'un tweet à BFMTV. Sur Rue89, un chercheur spécialisé dans l'analyse des réseaux sociaux retrace la chronologie des débats autour de la journée consacrée à Tel-Aviv par la mairie de Paris. Il estime que les medias ont massivement relayé "une affaire qui n’existe que par les gesticulations verbales de certains militants".

Le tout premier tweet utilisant le hashtag #TelAvivSurSeine ? Un message enthousiaste relayant la com' de l'ambassade d'Israël :

Ce message, comme les milliers qui ont suivi sur les réseaux sociaux, a été retrouvé et analysé par un doctorant de université catholique de Louvain spécialisé dans l'e-réputation, Nicolas Vanderbiest. Des premières mentions de l'événement aux reprises dans les medias généralistes, le chercheur a analysé qui a "retweeté" des messages sur Tel-Aviv Sur Seine, et quand.

Grâce à un outil de visualisation des échanges sur la plate-forme de micro-blogging, il retrace successivement la manière dont des internautes identifiés comme pro-palestiniens ont relayé des messages de protestation...

Cartographie des échanges sur Twitter, le 7 août
(par Nicolas Vanderbiest/Rue89)

Cartographie des échanges sur Twitter, le 8 août
(par Nicolas Vanderbiest/Rue89)

...puis la manière dont des défenseurs de l'événement (en bleu clair, en bas à droite) se sont joints au débat, lui donnant une nouvelle ampleur :

Cartographie des échanges sur Twitter, le 10 août
(par Nicolas Vanderbiest/Rue89)

Au total, 39 306 tweets à propos de Tel-Aviv sur Seine ont été postés en trois jours par 10 428 comptes Twitter, relève le chercheur. Une mobilisation en ligne plutôt conséquente : l'emballement autour d'une affaire de bikini à Reims, fin juillet, avait généré à peu près le même nombre de tweets, mais en une semaine.

Vanderbiest y voit pourtant "une affaire qui n’existe que par les gesticulations verbales de certains militants", et même un cas "d'astroturfing" (le fait pour une organisation ou un groupe d'individus de "donner l’impression d’un mouvement spontané et populaire alors qu’il n’en est rien"). Il en veut pour preuve quelques constats statistiques : le nombre de comptes bien moins élevé que le nombre de tweets (quatre tweets par compte en moyenne), et la présence de comptes avec très peu de followers - "créés uniquement pour crier", selon lui.

Si la chronologie de la polémique et les données brutes de Vanderbiest sont intéressantes pour disséquer la naissance d'une polémique, certaines de ses interprétations posent question : la présence de comptes avec peu de followers signifie-t-elle forcément que ces comptes aient été créés spécialement pour "faire monter le buzz" ? Ne peut-on pas imaginer qu'il s'agisse de "vrais internautes", mais peu suivis, car au profil différent de ceux qui prennent habituellement la parole dans le débat politique sur Twitter ?

De même, ses remarques sur l'origine géographique des comptes ayant participé à la discussion interrogent : "Sans surprise, le profil des intervenants est très international avec une très forte présence d’Israël, du Maroc, de l’Algérie et de la Palestine. Dans un débat qui ne concerne au départ que la ville de Paris. Si je ne prends que les utilisateurs français, je passe de 40 000 tweets à 10 291 tweets par 2 941 utilisateurs." Les utilisateurs "français" seraient-ils les seuls qualifiés pour prendre part au débat ?

Tribune d'Hidalgo dans Le Monde

Polémique portée "spontanément" ou non, elle continue en tout cas de faire réagir la classe politique française. À deux jours de l'ouverture du bout de plage consacré à la ville israélienne, et après les sorties remarquées d'élus Front de gauche, les élus EELV du Conseil de Paris ont à leur tour manifesté leur désapprobation "face à cet événement qui n'est pas de l'ordre du partenariat culturel mais bien politique, puisque ce sont les institutions municipales officielles qui sont partenaires et non les artistes".

Tribune de la maire de Paris Anne Hidalgo dans Le Monde daté du 11 août

Quant à l'équipe municipale – dont le service de communication assurait à @si, le 10 août encore, qu'il ne comprenait pas cette polémique à propos d'une manifestation "modique par son ampleur et anecdotique au regard du programme de Paris Plages" –, elle a choisi de défendre l'anecdotique événement dans une tribune parue dans Le Monde du 11 août. Anne Hidalgo y décrit Tel-Aviv en "ville ouverte à toutes les minorités, y compris sexuelles, créative, inclusive, en un mot une ville progressiste, détestée à ce titre en Israël par tous les intolérants", avant de rappeler les partenariats noués par Paris avec des localités palestiniennes. L'histoire ne dit pas encore combien de fois elle sera retweetée.

L'occasion de (re)lire notre enquête : "Tel-Aviv sur Seine : comment est née la plage qui fâche".

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