Burundi : F24 modifie un titre jugé "tendancieux" par la présidence
Brève

Burundi : F24 modifie un titre jugé "tendancieux" par la présidence

Des remerciements plutôt embarrassants. Après s'être plainte du titre d'un article publié sur le site de la chaîne France 24 concernant les élections dans le pays, la présidence du Burundi a diffusé, jeudi, un communiqué dans lequel elle remercie "vivement" la chaîne de l'avoir finalement modifié.

C'est le genre de communiqué un peu trop enthousiaste, dont une rédaction se passerait bien : "Le bureau Presse, Information et Communication de la Présidence de la République du Burundi tient à remercier France 24 pour avoir répondu positivement à la requête de la Présidence, qui consistait à modifier le titre d'un article publié sur le site, lequel était selon notre appréciation tendancieux."

L'article incriminé ? Un papier concernant l'élection présidentielle qui s'est tenue le 21 juillet au Burundi, initialement titré : "Faible participation, violences, critiques : la présidentielle au Burundi ne trompe personne". On en trouve trace dans les moteurs de recherche :

La présidence burundaise, très active sur les réseaux sociaux par le biais de son conseiller Willy Nyamitwe, n'a pas tardé à réagir, dénonçant dans un premier communiqué, publié le 22 juillet, un article "très tendancieux" et "loin d'être conforme à la réalité".

Communiqué de la présidence du Burundi protestant contre
un article "tendancieux" paru sur le site de France 24

Ce qui gêne la présidence ? La mention de "violences", d'abord : le conseiller présidentiel admet "trois morts" et des "tirs et explosions entendus dans certains quartiers de la capitale", mais réfute l'idée d'un scrutin "émaillé de violences". Si France 24 n'était pas le seul média à évoquer un "climat de violences" (Mediapart ou encore Euronews l'ont fait), les heurts se sont en fait, pour l'essentiel, déroulés avant le scrutin.

La présidence burundaise regrette par ailleurs l'expression "ne trompe personne", qui "cache très mal la volonté [de l'auteur de l'article] de manipuler négativement l'opinion". Le texte se conclut par une demande : "De tout ce qui précède donc, la Présidence de la République exige de France 24 la rectification de cet article tendancieux".

Le message passe, puisque quelques heures plus tard, un second communiqué de la même présidence (repéré par le journaliste burundais Roland Rugero) "tient à remercier" France 24 pour la modification de l'article incriminé. Le nouveau titre ? Il relaie des critiques de l'opposition, mais cette fois sans prendre position : "Élection présidentielle : l'opposition dénonce une "mascarade"."

Pourquoi ce revirement de la part de France 24 ? Joint par @si, le directeur adjoint de France 24 chargé des nouveaux médias, Sylvain Attal, explique "avoir changé le titre, mais pas le contenu de l'article" : "Ce sont des choses que l'on n'aime pas faire. Mais on l'a fait à contrecoeur, parce que l'expression "ne trompe personne" relevait effectivement plutôt du commentaire. Il y avait un peu de fondement dans la demande [de la présidence], on a peut-être laissé passer un titre un peu abusif. On peut dire la même chose sur le fond sans verser dans le commentaire". Attal explique par ailleurs avoir voulu protéger ses journalistes sur le terrain : "Il y avait énormément de nervosité, qui pouvait laisser penser que la sécurité de nos envoyés spéciaux était compromise. On a aussi fait ça pour apaiser les choses et ne pas les mettre en danger in utilement", assure le directeur adjoint de la chaîne, sans pouvoir en dire davantage sur la nature des menaces rencontrées par ses reporters.

Mise à jour, 24 juillet 2015, 11h : ajout de la réaction de Sylvain Attal, de France 24.

L'occasion de relire notre interview de la journaliste Sonia Rolley, à propos de la couverture médiatique de la crise politique au Burundi : "Les gens s'envoyaient mes tweets par sms".

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