Srebrenica : l'opération de com' du Premier ministre serbe (Courrier Balkans)
Le 11 juillet, Srebrenica commémorait le massacre de 8 000 hommes et adolescents musulmans de Bosnie par les forces serbes de Bosnie, en juillet 1995. Mais "à en croire les médias serbes, la première victime de Srebrenica était le Premier ministre Vucic", qui se rendait pour la première fois aux cérémonies, relève le journaliste du Courrier des Balkans Philippe Bertinchamps.
L'article publié le 20 juillet sur le site du Courrier des Balkans
Vucic a été accueilli de manière houleuse au cimetière où se déroulait l'enterrement de 136 personnes retrouvées dans des charniers. Voici comment Le Monde rapportait l'incident : "le chef du gouvernement serbe a été la cible de jets de pierres, de bouteilles et de chaussures, aux cris de «Allah Akbar !», mais aussi de «justice» et «responsabilité». La délégation serbe a dû quitter les lieux, sous les huées et les applaudissements."
Le ton des compte-rendus par la presse serbe, traduits par Le Courrier des Balkans, est autrement plus alarmiste : "Le 12 juillet, Kurir a publié en une une mauvaise photo d’un homme dans la foule, le poing levé. Le titre: «Un couteau pour le Premier ministre serbe — Oric a-t-il envoyé un boucher pour tuer Vucic»", relève par exemple le site.
L'un des articles publiés par le quotidien Kurir sur "l'attentat" contre le Premier ministre serbe
Le Courrier des Balkans regrette que les "tabloïds serbes à la solde du pouvoir" soient parvenus à donner l'image d'un Vucic martyr, oubliant au passage "les vraies victimes de Srebrenica" et "les propos du jeune Vucic appelant à tuer les musulmans". Les propos du jeune Vucic ? Une référence à une déclaration du Premier ministre serbe qui, en 1995, alors secrétaire général du Parti radical serbe, avait menacé : "Si vous tuez un Serbe, nous allons tuer 100 musulmans".
Tabloïds "chiens de garde du régime"
L'épisode semble illustrer l'actuelle reprise en main de la presse par le pouvoir serbe, récemment évoquée par Libération dans un portrait du dirigeant serbe. Les tabloïds de Belgrade se positionnent aujourd'hui clairement en défenseurs du gouvernement, détaille le quotidien : "le pouvoir étend son contrôle à la distribution de la presse écrite, chasse gardée de quelques opérateurs privés, tous liés au régime, et à la diffusion des chaînes de télévision", tandis que "les tabloïds serbes jouent désormais le rôle de chiens de garde du régime." Depuis l'arrivée au pouvoir de Vucic, relève Libé, "nombre de voix critiques au sein des médias serbes ont curieusement été mises sur la touche".
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