Olivier Poivre d’Arvor quittera son poste en août 2015. Depuis septembre 2010, il était directeur de France Culture. Mais ses rapports conflictuels avec Mathieu Gallet ont mis fin à sa mission. Poivre d’Arvor a annoncé à l’AFP (ici reprise par L'Express) avoir été "limogé" de son poste : "Mathieu Gallet m'a reproché lors d'un entretien jeudi soir de m'être exprimé sans son visa dans deux interviews sur son projet pour Radio France que je qualifiais «d'uniquement construit sur une logique budgétaire et comptable."

Interview d'Olivier Poivre d'Arvor pour Télérama le 10/07

Les tensions n’étaient pas récentes. "En novembre, alors que nous faisions un pot pour nos bonnes audiences, il avait dit devant mes équipes qu’il avait, à son arrivée, « choisi de ne pas me couper la tête ». C’est vrai qu’il ne m’avait pas choisi – je ne sais d’ailleurs pas pourquoi il m’a gardé !", raconte Poivre d'Arvor à Télérama.

Concernant les différends de ces dernières semaines, Poivre d’Arvor affirme qu’ils concernaient les grilles de rentrée: "Alors que l’on élabore les grilles de rentrée, on m’a demandé de laisser des espaces vacants. Je ne pouvais pas disposer du 19-20, libre depuis que Laurent Goumarre a été recruté par France Inter. L’idée, semble-t-il, était de proposer cette tranche à un producteur, dont on pensait qu’il allait la refuser, afin de le faire partir. Je peux décider de demander à des producteurs de partir, mais on ne peut pas m’obliger à leur proposer des schémas impossibles dans le but de se séparer d’eux…"

Il est aussi revenu sur deux interviews, données à l’Obs et à l’AFP. Si dans la première il affirmait "qu’il fallait un souffle pour Radio France", c’est surtout la seconde qui a irrité Gallet. Celui-ci a en effet alors appris que Poivre d’Arvor avait parlé d’un projet à la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin afin d’obtenir une subvention. Une initiative que Gallet n’a pas appréciée. "Pour lui, c’est une preuve de déloyauté", raconte Poivre d'Arvor, avant de poursuivre : "De son côté, il n’est pas venu accueillir Manuel Valls lorsque le chef du gouvernement est venu à la matinale de France Culture ; il a préféré rester au Festival de Cannes... Si, après la grève que l’on a connue au printemps, on n’a pas cette liberté d’une autocritique minimum… Je comprends qu’il soit effectivement mieux, pour Mathieu Gallet, de se séparer de ceux qui s’expriment."

Les économies n'ont pas toujours posé problème à Poivre d'Arvor

Poivre d’Arvor affirme, toujours dans l’interview donné à Télérama, que les impératifs économiques ont influencé ses prises de décision au sein de la radio : "Quand on vous dit « il faut faire avec moins tant », vous n’avez d’autre choix que de supprimer des émissions". Sur Twitter, le journaliste Vincent Glad a souligné le changement de discours de Poivre d’Arvor. Il cite en effet une interview datée du 15 juin, également publiée dans Télérama, dans laquelle les économies à faire ne semblaient pas constituer un problème : "Ce n'est rien, c'est comparable à du lissage, cela demande juste de petits allègements" …

Article du Monde du 10/07

"Ce n’est pas un limogeage, se défend-on à la direction de Radio France, contactée par Le Monde. Olivier Poivre d’Arvor était détaché du Quai d’Orsay pour cinq ans. Ce détachement arrive à son terme fin août et Radio France ne souhaite pas le renouveler.»". En effet, comme le rappelle Le Monde, Poivre d'Arvor est ministre plénipotentiaire au ministère des affaires étrangères.

(par Martin d'Aboville)