Grèce, Djihad : deux utopies ?
Brève

Grèce, Djihad : deux utopies ?

Des explications confuses de l'assassin présumé de l'Isère Yassin Salhi, une vérité sortira-t-elle un jour ?

Une certitude sur ses mobiles ? Et si cette confusion même - pour explication du meurtre et de la décapitation de mon employeur, je prétexte d'un conflit du travail, mais j'ai néanmoins envoyé un selfie de la tête coupée à mon ami de Raqqa- était la vérité, ou plutôt la seule forme accessible de vérité ? Et si certains esprits dérangés -très peu, mais assez pour frapper le pays de stupeur- se trouvaient désormais plongés dans cette rage indistincte, où on colle un drapeau noir sur une engueulade de travail, ou sur une dispute conjugale ?

"Nous n’avons pas affaire à une "radicalisation de l’Islam", mais plutôt à une islamisation de la révolte radicale". C'est un anthropologue qui parle, Alain Bertho, dans une interview à la revue Regards, interview recueillie en mai, et qui ne traite donc pas des attentats de vendredi, mais de ceux de janvier dernier. Difficile de résumer cette longue interview, qu'il faut lire en intégralité. Il en ressort pourtant cette intuition : l'utopie violente et meurtrière portée par l'Etat islamique, ce qu'il faut bien appeler l'utopie djihadiste, s'est glissée dans le vide laissé par la disparition de l'utopie communiste, à la fin du XXe siècle. Dans un paysage politique privé d'avenir, et où le passé apparait rétrospectivement avoir charrié tant de mensonges, comment s'étonner qu'on fracasse au marteau-piqueur les survivances du passé, et qu'on n'envisage d'autre avenir que la mort -violente ?

Quel lien avec la crise grecque et son dernier rebondissement, le référendum-coup de poker de Tsipras, pour ou contre les dernières propositions des créanciers ? Nous aurons passé tout le week-end, un oeil sur les enquêtes sur les attentats, l'autre sur la crise grecque. Tragédie apparemment religieuse, tragédie apparemment politique : nous aurons passé le week-end à chercher un improbable lien entre les deux, à chercher si dans leur concommitance, il y avait davantage qu'une coïncidence. Nous aurons passé le week-end à tenter de comprendre de quoi nous vengeait sourdement le geste de Tsipras, et pourquoi il suscitait ce déchainement de rage chez les Ultras de Bruxelles. Jubilation, rage : ce que nous disent ces réactions, c'est peut-être que la démocratie, la vraie, un scrutin exprimant un vrai choix, et dont le résultat sera respecté, donc vraiment engageant pour l'avenir d'un peuple, est (re) devenue une utopie. Tant qu'à faire, celle-là est tout de même préférable à l'autre.

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