Google : Hollande a signé par inadvertance (Revue Crieur)
Brève

Google : Hollande a signé par inadvertance (Revue Crieur)

Fonds Google, suite. La Revue du Crieur, éditée par Mediapart et les éditions La Découverte consacre un long dossier aux projets de presse financés par le fonds Google depuis deux ans, dont @si avait déjà parlé en mars dernier. Une enquête qui met, notamment, en lumière les contradictions de Jean-Christophe Boulanger, président du Spiil (Syndicat de la Presse Indépendante d'Information en Ligne, qui critique Google depuis des années) et co-fondateur du site Contexte, grand bénéficiaire de ce même fonds.

Signé par inadvertance ! François Hollande aurait "pesé de tout son poids" pour qu'aboutisse l'accord entre Google et les éditeurs français de presse, qui a donné naissance au "fonds Google". Au point d'apposer sa signature sur cet accord purement privé, comme s'il s'agissait d'un accord officiel entre chefs d'Etat. "Il n'était pas prévu que François Hollande signe ! Lors de la cérémonie, lorsque Nathalie Collin a voulu passer l'accord qu'elle venait de parapher au dirigeant de Google, le président de la République a pris le papier, et a commencé à le signer, dans l'inspiration du moment. c'était complètement fortuit, mais devant les caméras, il était difficile de l'interrompre", explique Marc Schwartz, médiateur dans le conflit opposant Google aux responsables d'éditeurs de presse français.

Cette signature par inattention est révélée dans le premier numéro de La Revue du crieur, co-éditée par Mediapart et les éditions La Découverte, dans une enquête fouillée sur la genèse et le fonctionnement du fonds Google, signée par Dan Israel, journaliste à Mediapart (et ex d'@si). Cette enquête a un autre mérite : relativiser le geste de Google, qui s'est engagé à verser 60 millions d'euros, sur trois ans, aux éditeurs de presse français. Une somme qui ne représente rien pour Google. "Selon les estimations", lit-on, "l'entreprise réalise en France largement plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires. Mais alors qu'elle devrait payer environ 150 millions d'euros d'impôts par an si elle le déclarait réellement, elle s'en est tirée en 2013 avec un chèque de 7,7 millions d'euros, grâce à son agilité dans l'art de l'optimisation fiscale". La revue rappelle aussi que les quelques 20 millions annuels apportés par Google correspondent aussi à... la somme versée par l'Etat chaque année entre 2009 et 2011 au titre du développement de la presse numérique.

Le fonds place enfin dans une situation paradoxale certains intervenants, bénéficiant individuellement d'un mécanisme qu'ils critiquent collectivement. Ainsi le syndicat des pure players, le SPIIL (dont @si est membre fondateur) s'est toujours montré critique sur le mécanisme, alors que le site dirigé par son président Jean-Christophe Boulanger, Contexte, en est un des principaux bénéficiaires, avec 1 207 000 d'euros reçus, ce qui le place dans le top 10 des médias les plus aidés par le Fonds depuis sa création. Une situation que Boulanger ne juge pas contradictoire. Selon lui, le vrai scandale réside ailleurs. "Le vrai scandale du fonds Google-AIPG, ce n'est pas Google, c'est l'AIGP (ndr - l'association qui regroupe les éditeurs de quotidiens et de magazines d'information politique et générale)", confie Boulanger à la Revue du Crieur. "Ils entretiennent une confusion entre la sauvegarde du pluralisme de l'information, nécessaire, et la sauvegarde de quelques titres précis. Ils ont réussi à imposer l'idée que c'est eux qu'il fallait sauver. Pour eux, l'aide accordée aux pure players est un alibi".

L'occasion de relire notre enquête : "Fonds Google : la presse en ligne consolide ses finances plutôt que ses contenus".

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