Copie du mail d'Andy Neumann au rédacteur en chef de la Bild Kai Diekmann
(Source : compte Facebook d'Andy Neumann)

La police allemande n'est pas contente de Bild. "Je ne suis pas un ennemi de la Bild", lance le président du syndicat de la police judiciaire allemande Bund Deutscher Kriminalbeamter Andy Neumann, "mais aujourd'hui, je n'ai qu'une seule réponse claire à tout ce que vous lâchez notamment sur Twitter : Conneries !". Dans un long mail, envoyé au rédacteur en chef de la Bild Kai Diekmann et reproduit sur son mur Facebook, Neumann s'en prend à la manière dont la Bild a traité le crash de la Germanwings. La critique n'est pas adressée qu'au tabloïd, mais puisqu'il est "le plus bruyant joueur de tambour dans la forêt", il devient le "représentant" des médias, et de ses dérives.

Pas d'exemples précis, mais un reproche global : "Vous ne vous préoccupez certainement pas des faits. Ni même des contextes véritables. Et encore moins de la vérité. Tout ce qui vous intéresse, ce sont les tirages ! les clics ! l'attention". Ce que Neumann ne supporte pas, c'est de voir des journalistes "jouer aux détectives" sous prétexte que le public "a le droit de tout découvrir". Les enquêteurs professionnels, eux, prennent le temps de vérifier, et se donnent le temps de la réflexion "jusqu'à ce que des faits soient sur la table qui excluent toute autre vérité, toute autre possibilité". Le président du syndicat policier voit dans l'attitude de la Bild "tout ce que je trouve d'horrible dans les médias".

Neumann n'a pas toujours boudé la Bild : après les attentats de janvier dernier à Paris, il avait accordé un long entretien au quotidien pour défendre le travail de la police française et allemande.

Entretien d'Andy Neumann pour la Bild, 15 janvier 2015

Cacher le nom de Lubitz, une "farce"

La Bild n'a pas chômé après le crash de mardi dernier : le quotidien aurait mobilisé une équipe d'une vingtaine de journalistes rien que pour l'affaire, a rapporté lundi 30 mars la correspondante à Berlin de Libération Nathalie Versieux.

La question de ce qui pouvait être publié ou non s'est posée en fin de semaine dernière à propos du nom du copilote Andreas Lubitz. Certains médias avaient choisi dans leur édition en ligne de ne mettre qu'Andreas L. ou de ne pas le citer du tout. Une décision qui laisse le site d'information médias Meedia plutôt perplexe : le journaliste Stefan Winterbauer a suggéré dans un commentaire que les journalistes qui refusent de nommer le copilote "rendent leur carte de presse". Les médias ont "tous les droits et même le devoir de rendre son nom public, de montrer sa photo", assure le journaliste. Il qualifie la retenue de certains médias, comme le Spiegel Online qui n'a au départ pas publié le nom du copilote, de "farce". Et n'y voit pas une forme de respect de la sphère privée mais la volonté de "s'élever moralement" et d'être "félicités sur les réseaux sociaux".

(Par Juliette Gramaglia)