Attaque Tunis : I-Télé dévoile la position de touristes cachés
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Attaque Tunis : I-Télé dévoile la position de touristes cachés

"Vous avez le sentiment que les tirs s'approchent de là où vous trouvez ?" La chaîne I-Télé a diffusé mercredi, en direct, l'interview d'une touriste française retranchée "au 3e étage" du musée Bardo à Tunis, alors que l'attaque et la prise d'otages étaient encore en cours. L'épisode intervient deux mois après que la chaîne d'info continue BFM TV a été accusée d'avoir mis en danger des otages de l'hyper-cacher de la Porte de Vincennes en révélant qu'ils étaient cachés dans la chambre froide.

L'information figure parmi les titres de l'édition de 13h du journal d'I-Télé, ce mercredi 18 mars : en Tunisie, "des tirs auraient été entendus, proches du Parlement, proches du musée du Bardo" explique la présentatrice, Myriam Bounafaa. Il est 13h02. On sait, à ce moment-là (cf., par exemple, le direct du Point.fr), que deux hommes armés de kalashnikovs ont pris des touristes en otage. I-Télé annonce alors être en ligne avec "Géraldine, une touriste française". Celle-ci parle à voix basse, manifestement très tendue. Après avoir raconté l'attaque, elle donne ensuite des détails sur sa localisation, questionnée par la présentatrice :

"Là, on est une quarantaine retranchés dans une salle, une salle de mosaïques, et on est un peu paniqués. On entend beaucoup de bruits. Il n'y a plus de tirs à l'extérieur, mais on entend beaucoup de cris... à l'extérieur. Et donc on est tous retranchés, par terre, dans une salle. (Elle marque une pause) On entend des... oh... ça tire, ça tire...
- Géradine, vous dites ne plus rien entendre, vous êtes retranchée au troisième étage, qui est avec vous et qu'est-ce que vous comprenez de la situation ?
- Alors, on est plusieurs touristes (...). On est une quarantaine de Français. Et là ça vient encore de tirer. Dans le musée. (On comprend qu'elle échange avec une personne à côté d'elle). Non, c'était à l'extérieur, ça tirait à l'extérieur.
- Alors, ça tire à l'extérieur : d'après vous, dans la rue, ou vous avez le sentiment que les tirs s'approchent de là où vous trouvez ?
- Non, tout à l'heure ça a tiré dans le musée. Et on est tous retranchés dans le musée (...)".

La présentatrice demande ensuite à la touriste ce qu'elle voit de là où elle est. Cette dernière lui explique : "Je ne peux rien voir parce qu'on s'est tous mis au sol. (...) On n'ose pas passer la tête." L'intervieweuse d'I-Télé se fend alors d'un conseil à son interlocutrice : "Bien évidemment Géraldine, votre sécurité est prioritaire, restez bien retranchée". Alors que les tirs reprennent, la touriste se met à parler à voix plus basse encore. Myriam Bounafaa décide alors de stopper là l'interview.

"L'important est que ces témoins restent en sécurité"

Lui a-t-on signifié dans l'oreillette que donner la localisation de quelqu'un de caché sur le lieu d'une prise d'otage n'était pas une excellente idée ? Craint-elle que son interlocutrice prenne des risques en se mettant à découvert pour lui dire ce qu'elle voit ? Elle conclut : "Merci Géraldine, je vous laisse raccrocher (...) Pour l'heure, l'important est que ces témoins restent en sécurité (...) Ce témoignage de Géraldine, au troisième étage, donc, du musée du Bardo, qui à l'heure où nous parlons est encore... si ce n'est la cible de tirs, en tout cas des tirs nourris sont à l'oeuvre autour du musée". Et de réinsister : "La sécurité bien évidemment de Géraldine et des dizaines de personnes retranchées dans le musée nous a conduit à arrêter ce témoignage." La touriste sera ensuite de nouveau interrogée par I-Télé à 13h46, une fois sortie de la salle et prise en charge par les forces de l'ordre.

L'interview a été relevée par l'Obs/Rue89, qui fait un parallèle avec la couverture par les chaînes d'info en continu des prises d'otages de janvier en France : "Deux mois après l’attaque de Charlie-Hebdo et de l’hyper-cacher de Vincennes, il semble que les leçons de la couverture en direct à la télévision n’ont pas été retenues". Les leçons : celles données par le CSA par exemple, qui a reproché à certains médias français d'avoir diffusé les positions de forces de l'ordre et d'otages avant que les assauts ne soient terminés. Certes, Tunis n'est pas Paris, et les preneurs d'otages du musée avaient moins de chances d'être connectés sur I-Télé qu'Amedy Coulibaly. Mais il n'empêche : les similitudes avec le cas de l'otage cachée dans la chambre froide du supermarché casher de la Porte de Vincennes et interviewée par BFM TV sont frappantes.

L'occasion de relire notre article : "BFM a-t-elle mis en danger la vie des otages de l'Hyper cacher? Le directeur et le journaliste de BFM s'en défendent", et de se replonger dans notre dossier "Info en continu : du direct et des dérives".

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