Ferguson / rapport : policier disculpé, police accablée
Darren Wilson ne sera pas inculpé pour le meurtre de Michael Brown. Fin novembre, comme le note Le Monde, un premier degré de juridiction, celui de l'Etat du Missouri, avait décidé d'un non-lieu dans l'affaire, estimant que le dossier judiciaire ne permettait pas d'inculper le policier. Le rapport du ministre de la justice américain ne dit pas autre chose : Wilson "n'ayant pas agi avec une intention criminelle, il ne peut être prouvé au-delà du doute raisonnable qu'il a enfreint la loi sur les droits civiques".
Mais ce rapport, le plus complet depuis la mort de Michael Brown, pointe aussi du doigt le comportement de la police de Ferguson qui, depuis plusieurs années, viole les droits constitutionnels de ses résidents noirs. Le New York Times a eu accès à ce rapport et à ses conclusions, fruit de six mois d'investigation et de centaines d'entretiens. Les chiffres tout d'abord : les statistiques compilées par le ministère de la justice américain laissent penser que, de 2012 à 2014, seules des personnes noires auraient enfreint la loi, dans une ville où un tiers de la population est blanche. Ainsi, durant cette période, 93% des personnes arrêtées par la police étaient noires. Même chose pour... 95% des personnes emprisonnées plus de deux jours entre avril et septembre 2014.
Arrestation, usage de la force, mandats d'arrêt émis, emprisonnement de plus de deux jours : les Noirs sont nettement plus visés par la police de Ferguson
"Quel homme noir conserve un boulot stable pendant quatre ans ?"
Dans son rapport, le ministère de la Justice révèle également plusieurs propos racistes, échangés par mails entre policiers de Ferguson. Comme ce mail de 2008, où un policier explique que Barack Obama ne restera pas président très longtemps car "quel homme noir conserve un boulot stable pendant quatre ans ?". Le Times parle aussi, sans le montrer, d'un autre mail contenant un dessin où plusieurs afro-américains seraient caricaturés en singes.
Le ministère de la Justice n'appelle pas pour autant à la démission du chef de la police de Ferguson, comme le note le Times. Un meilleur encadrement des policiers, comme c'est déjà le cas dans d'autres villes américaines, des efforts dans le recrutement et la diversification des profils, sont plutôt souhaités.
L'occasion de relire notre article : "Le harcèlement policier des journalistes et des internautes amplifie les émeutes de Ferguson".
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