Crime politique ou privé ? La presse russe divisée sur Nemtsov
Brève

Crime politique ou privé ? La presse russe divisée sur Nemtsov

Un assassinat politique ou une affaire privée ? Au lendemain de l'exécution de Boris Nemtsov, opposant à Vladmidir Poutine, la presse russe est divisée. Une partie des médias dénonce un crime politique et insiste sur le climat de peur, selon l'AFP. D'autres médias russes, repérés par le blog terriennes, de TV5, semblent plutôt avoir écarté la piste de l'assassinat politique et préfèrent broder autour du profil de sa compagne, une jeune Ukrainienne de 23 ans.

"Les réactions à l'assassinat de Boris Nemtsov ont été extraordinaires, à la mesure de cet homme", commente le quotidien Kommersant, cité par l'AFP, au lendemain de la marche effectuée en hommage à Nemtsov dans les rues de Moscou. Pour le quotidien économique Vedomosti, cet assassinat illustre le "climat de peur" entretenu par le Kremlin : "Cela fait longtemps – au moins un an – que nous vivons dans un pays où la dissidence est assimilée à la trahison, pour laquelle on peut être tué. La guerre, tout comme les tueurs à gages, sont faciles à lancer, mais bien plus difficiles à arrêter", écrit Vedomosti.

Sans surprise, le journal d'opposition Novaïa Gazeta a rappelé que Nemtsov avait reçu de nombreuses menaces de morts. "L'assassinat de Nemtsov c'est un point de non-retour, une déstabilisation radicale de la situation politique en Russie dont les conséquences ne sont pas encore imaginables", écrit le journal.

Un crime politique ? Ce n'est pas l'avis de tous les médias russes. "Qui de nous tue ici pour des raisons purement politiques ? Voyons, nous ne sommes pas en Ukraine (...). Pour l'argent, on tue. Pour de la politique, non", écrit par exemple le quotidien Komsomolskaïa Pravda, cité par l'AFP.

Afin d'écarter la piste du crime politique, plusieurs journaux  émettent l'hypothèse d'une affaire privée, en insistant sur le profil de la compagne de Nemtsov, qui s'en est sortie indemne. Anna Douristkaïa est une jeune ukrainienne de 23 ans "qui venait de voyager de Moscou en Suisse pour se faire avorter", précise le quotidien les Izvestia, cité par TV5 Monde. Ukraine et avortement, voilà les premières pistes de la presse russe. Un peu mince ? Dans un portrait à charge, résumé par TV5, on apprend qu'elle "a cherché à se produire comme mannequin, et que pour cela elle se serait rapprochée du sulfureux Piotr Listerman, moitié gourou, moitié mafieux, organisateur de rencontres entre de très jeunes Russes et des riches hommes d'affaires occidentaux, mêlé à de sombres scandales de détournements de mineures".

Quel rapport avec l'assassinat de Nemtsov ? La presse russe n'en sait rien. En tout cas, comme l'a relevé TV5, cette hypothèse d'une affaire privée, qui permet d'écarter la piste politique, a depuis, été reprise par d'autres médias étrangers. Le New York Observer affirme ainsi que "la vie compliquée et romantique de Boris Nemtsov pourrait bien être la clé de sa mort".

L'occasion de lire la chronique de Daniel Schneidermann : "Au pied du Kremlin, une robe"

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