La "terreur" en France, vue par le Daily Beast
Brève

La "terreur" en France, vue par le Daily Beast

Mince alors. La France est en guerre et c'est... le site américain The Daily Beast qui nous l'apprend ! Dans un article publié avant-hier le site américain, qui s'appuie sur les tirs de kalachnikov entendus à Marseille lundi, dresse un portrait terrifiant de notre pays et de certaines de ses banlieues, un mois seulement après les (désormais célèbres) "No-go zones" de Fox News.

Le titre de l'article, que l'on pourrait traduire par "La terreur est la nouvelle norme en France", n'est pas du tout sensationnaliste. L'illustration, une image de Reuters sur laquelle des hommes du GIPN se déploient dans la cité de la Castellane à Marseille, n'est pas du tout alarmiste. The Daily Beast, fondé en 2008 par d'anciens journalistes du New Yorker et de Vanity Fair, nous ferait-il une "Fox News", du nom de la chaîne conservatrice américaine qui, après les attentats de janvier, avait inventé le concept de "no-go-zones", ces quartiers situés en plein milieu de la capitale interdits aux non-musulmans ? La question se pose après ce nouvel article, dopé au sensationnalisme, qui s'appuie sur les récents tirs de kalachnikov entendus à Marseille le 9 février dernier, quelques heures avant la venue de Manuel Valls, pour dresser un portrait stupéfiant de la France d'aujourd'hui.

Peu importe pour l'auteure de l'article, Danna Kennedy, que les tirs entendus à Marseille lundi n'aient aucun lien avec les attentats de janvier. Pour la journaliste du Daily Beast, cela ne fait aucun doute : la guerre civile en France est proche. La preuve ? Samia Ghali, sénatrice PS des Bouches-du-Rhône depuis 2008, a récemment déclaré : "On est en état de guerre. On parle de la Syrie mais on vit dans certains quartiers de Marseille comme en Syrie". Des propos que la sénatrice a effectivement tenus, sur l'antenne d'iTélé lundi dernier. Ce n'était pas, toutefois, la première sortie remarquée de Ghali sur le sujet. En 2012 déjà, elle réclamait déjà l'intervention de "l'armée dans les cités". Cela n'est pas précisé dans la suite de l'article.

Et même si personne n'a été blessé dans cette échange de coups de feux à Marseille, le mal semble déjà fait pour l'auteure de l'article. Elle ne s'appuie pas, en effet, seulement sur le témoignage de Christophe Crepin, porte-parole du syndicat Unsa Police ou les travaux d'Alain Bauer, spécialiste en criminologie (que nous avions cuisiné sur le plateau de "Ligne jaune" en 2009). Non, la journaliste peut aussi compter sur le témoignage de Bryan, un Anglais de 53 ans qui vit à... Nice, "à deux heures de Marseille", depuis 10 ans. On apprend que Bryan a acheté une batte de baseball le mois dernier pour se défendre contre une menace qu'il juge lui-même "faible". Bryan qui confie au Daily : "C'est fou de dire ça et je sais que ce n'est pas vrai mais j'ai l'impression qu'ils vont venir nous tuer dans notre lit". "Ils" ? Bryan ne sait pas qui se cache exactement derrière ce pronom personnel. Mais celui qui se dit de centre-gauche et affirme qu'il ne votera jamais extrême droite, se lâche quand même un peu sur les mosquées. Et notamment celle près de son appartement où, le week-end, "tout ce que l'on entend est en arabe. Ca ne m'avait jamais dérangé avant. Je déteste le dire mais j'ai peur maintenant".

Sans transition, l'article se poursuit : "Certains juifs de France ont tellement peur qu'ils quittent la France". Et là aussi, les témoignages détonnent. "C'est fini", avance par exemple le propriétaire d'un restaurant de sushi à Nice, juif, qui préfère rester anonyme et ajoute : "La France aura un président musulman dans dix ans. Il n'y a plus aucun lieu sûr, nulle part". Carole Davis, née en France et qui vit à Nice la moitié de l'année, n'est pas beaucoup plus rassurante : "Je suis juste assez juive pour qu'on puisse me regarder d'un mauvais oeil et me trancher la gorge". Davies qui pointe aussi, cerise sur le gâteau, la responsabilité du jeu vidéo dans les attentats du mois dernier : "Tous ces voyous ont l'âge de types qui jouent à des jeux vidéo violents. Ils sont tous issus de la génération jeux vidéo et les combattants de l'Etat Islamique ressemblent aux personnages de ces jeux".

La France, vue depuis les Etats-Unis, c'est tellement plus drôle. L'occasion de relire notre article : "Pendant ce temps, Fox News explore l'Afghanistan parisien".

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