Homeland/24 : pas seulement des séries glorifiant la torture (Le Monde)
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Homeland/24 : pas seulement des séries glorifiant la torture (Le Monde)

"Ne réduisons pas “24” et “Homeland” à la glorification de la torture". Répondant aux critiques formulées par une directrice d'Amnesty l'année dernière, le spécialiste de fiction TV, Eric Gatefin, défend ses deux séries américaines dans une interview accordée au Monde.



Torture-t-on trop dans les séries télé ? @si s'était posé la question à la suite des accusations d'une directrice d'Amnesty qui estimait que "des séries comme 24 Heures et Homeland ont glorifié la torture pour toute une génération". Dans la série 24, Jack Bauer n'hésite pas à torturer pour des obtenir des informations. Aux couteaux ou avec un lance-flammes, certaines séquences sont particulièrement violentes. Comme celle-ci :

Mais pour Eric Gatefin, spécialiste séries, on ne peut pas résumer 24 à des scènes de torture, écrites par un scénariste ayant revendiqué ses sympathies pour Bush : "24 relève moins de la vision d'un auteur, avec des prises de position (pour ou contre la torture, les missions et les moyens à donner à la CIA, les voies pour mener une autre politique étrangère, etc.), que d'un produit télévisuel, fruit d'un travail d'équipe mêlant divers points de vue, confrontant des discours contradictoires et s'appuyant sur une importante force de frappe marketing", explique-t-il au Monde.

En outre, il rappelle que la série, contrairement aux accusations de faire le jeu des républicains en justifiant les tortures dans certains cas, a plutôt favorisé les démocrates au début des années 2000 : "En dénonçant l'utilisation d'informations falsifiées pour entrer en guerre ou en mettant en scène un agent de l'antiterrorisme pour qui la fin justifie les moyens, " 24 ", au début des années 2000, faisait tout autant le jeu des démocrates, qui étaient alors dans l'opposition. Sans oublier que " 24 " crée un président noir… Sur certains aspects, la série se situe vraiment aux antipodes d'une logique conservatrice".

Certes, il y a des scènes de torture dans 24, mais Gatelin assure qu'il n'a "pas le sentiment qu'on y présente une vision du monde univoque, en dépit du manichéisme et des stéréotypes qui y transparaissent". 

Même chose pour la série Homeland, écrite par des scénaristes de 24, et mettant en scène un marine américain libéré après avoir été détenu pendant huit ans par Al-Qaïda : Gatelin considère que la série ne peut se résumer à des scènes valorisant la torture physique. "La violence, dans "Homeland", apparaît à travers toutes sortes d'instrumentalisations niant les individus, analyse-t-il. Qu'il s'agisse de l'univers militaire, de la sphère politique au pouvoir ou de la CIA, la série révèle une suite de manipulations psychologiques et l'utilisation des êtres humains comme faire-valoir, marche-pied ou ressource humaine. Même le domaine des sentiments s'avère le terrain d'un double jeu". De la torture psychologique, en somme.

 

Tout comme dans 24, Gatelin assure qu'il y a plusieurs niveaux de lecture dans Homeland : la série "oppose deux visions de la politique étrangère et de la CIA à travers deux de ses directeurs : l'une misant sur la manipulation, l'action secrète et surtout l'espionnage au long cours (ce qui n'empêche pas des frappes ciblées), et une autre vision, beaucoup moins présente, incitant à la lutte armée, rapide, spectaculaire, médiatique, sans crainte d'envahir un pays ennemi". Pour lui, Homeland comporte donc "une dimension pédagogique intéressante, puisque, en mettant en exergue la vision plus traditionnelle du long terme, de la patience et du dialogue en politique étrangère, [la série] sensibilise au fait qu'un problème complexe comme celui de l'antiterrorisme n'a pas de réponse simple, évidente, et que se montrer habile et efficace suppose de renoncer aux coups d'éclat".

Pour vous faire une idée sur ces deux séries, extraits à l'appui, lisez notre enquête : "Torture-t-on trop dans les séries télé ?"

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