Joué-lès-Tours : rumeurs "mal fondées" (Le Monde)
Brève

Joué-lès-Tours : rumeurs "mal fondées" (Le Monde)

L'homme abattu à Joués-lès-Tours a-t-il attaqué le commissariat ou a-t-il été tué après une interpellation qui a mal tourné ? Dix jours après les faits, Le Monde déconstruit la rumeur d'une interpellation et assure qu'aucun élément tangible ne permet de mettre en doute la version policière d'une attaque préméditée.

Alors que le ministère de l'Intérieur a toujours dit que Bertrand Nzohabonayo, alias Bilal, avait été abattu après avoir attaqué à l'arme blanche le commissariat de Joué-Lès-Tours, une nouvelle version avait aussitôt émergé quelques heures après les faits : Bilal aurait été tué après une interpellation qui aurait mal tourné, dans le cadre d'une seconde affaire survenue la veille.

De quoi s'agissait-il ? Vingt-quatre heures avant la mort de Bilal, une altercation a opposé Loïc V, un policier condamné en juin 2014 à 1500 euros d'amende pour "des faits de violence" et des jeunes de Joué-Lès-Tours. Selon Le Monde, ce policier "s’est fait « tabasser » par deux jeunes pendant son jogging".

Quel rapport entre cette altercation et la mort de Bilal le lendemain ? Des rumeurs faisant le lien entre ces deux événements circulent.

Première rumeur : Bilal aurait attaqué le commissariat pour se venger, après avoir été "savaté" quelques minutes plus tôt, dans un restaurant kebab, par le policier Loïc V, qui l'aurait pris à tort pour l'un de ses agresseurs. Une version formellement réfutée par le patron du restaurant, selon Le Monde.

Deuxième rumeur : Bilal serait mort au commissariat, non pas après l'avoir attaqué, mais après avoir été interpellé par des policiers, qui voulaient avoir des informations sur l'altercation de la veille. Le Monde précise que cette rumeur s'appuie sur le témoignage d'un passant, S., déjà évoqué par @si : "Je passais devant le commissariat quand j’ai entendu une policière dire “Calmez-vous, monsieur”, a expliqué ce témoin. J’ai tourné la tête et j’ai vu deux policiers encadrer un jeune homme devant le sas, dans lequel se trouvait la policière, pour le faire entrer. A ce moment, il a hurlé “Aaaaah…” et il y a eu une empoignade".

Est-ce la preuve que Bilal a été interpellé à l'extérieur du commissariat ? Pas pour Le Monde, qui ne voit aucune preuve de ce récit.

Le quotidien estime donc que le lien entre l'altercation du 19 décembre et la mort de Bilal le 20 décembre "est à ce jour impossible à établir". S'agissant de l'attaque du commissariat, Le Monde s'en tient à la version de quatre autres témoins : les trois policiers, et un particulier qui venait déposer plainte. Interrogés séparément, ces quatre témoins ont livré une même version des faits.

Version résumée ainsi par Le Monde : Bilal "s’est présenté « seul » devant le sas vers 14 heures et a violemment secoué la porte. Un agent de sécurité se serait alors approché pour lui ouvrir, et aurait reçu un premier coup de couteau. Deux policiers, un homme et une femme, se seraient alors précipités pour maîtriser l’agresseur".

Pendant l'altercation, l'agent de sécurité se serait retrouvé au sol et aurait tiré trois coups de feu. Avant qu'un quatrième coup de feu, tiré par une policière située dans l’entrebâillement du SAS du commissariat, ne tue Bilal. Détail supplémentaire : pendant l'affrontement, un policier, blessé, aurait été traîné hors de l'entrée du commissariat. Selon Le Monde, c'est ce policier (et non Bilal) qui figurerait sur la fameuse photo circulant sur Twitter et qui alimente la rumeur d'une interpellation à l'extérieur du commissariat. Ce qu'a confirmé le passant S., dont le témoignage était jusqu'à présent utilisé pour alimenter la rumeur.

picto Sur la photo, ce ne serait pas Bilal mais un policier blessé

Pour Le Monde, aucun élément ne permet donc de remettre en cause le récit des trois policiers et du particulier venu porter plainte au commissariat et qui a assisté à toute la scène.

Lors d'une conférence de presse tenue ce mercredi 31 décembre, le procureur de Tours a assuré que "les témoins policiers et le civil [présents lors des faits] disent la même chose, à savoir que l'agression [des policiers par Bertrand Nzohabonayo] a été immédiate" et s'est déroulée "à l'intérieur du sas" du commissariat. Pour autant, il a lancé un appel à témoins et s'est dit "prêt à enquêter sur tout élément qu'on voudrait porter à [sa] connaissance et qui irait à l'encontre" de la version officielle.

Si vous avez raté le début de l'affaire, lisez notre observatoire : "Comment la version policière a été progressivement contestée"

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