Croissance : la radieuse nouvelle
Après l'atchourissage (quasi) réussi, voici la croissance, la saine croissance, la pleine croissance, la belle croissance française qui reprend. Ô délices des chiffres de croissance publiés à l'aube, à l'heure où rugit le matinaute comme un tigre battant la campagne ! 0,3% de croissance au troisième trimestre, et tirée par la dépense publique, alors que l'Allemagne de Merkel et ses "jobs à un euro de l'heure" ne fait "que" 0,1% !
La croissance commande tout. Commandant la réduction du chômage, elle commande l'économie. Commandant l'économie, elle commande donc la politique et le discours politique. Prenez le fameux "choc de simplification", promis par Hollande, et effectif depuis cette semaine, et notamment cette fameuse mesure selon laquelle toute non-réponse de l'administration, au bout de deux mois, à une demande, vaudra acceptation. Si les medias généralistes se sont surtout intéressés aux mesures concernant les particuliers (pour se plaindre des trous béants de la loi, comme nous le racontions hier), ils ont tous plus ou moins oublié que nombre des mesures du "choc" sont censées bénéficier...au patronat, pour aider les entreprises à vaincre les horrifiques complexités du droit du travail ou de l'environnement. Objectif : la croissance ! La sacro-sainte croissance ! Et s'il faut en venir aux "contrats zéro heure" britanniques, sorte de Graal de la simplification, courons-y !
Mais tiens, à propos, de quelle croissance parle-t-on ? Qu'appelle-t-on "dépense publique" ? De grands chantiers, des investissements,des embauches ? Non. Ce sont les "dépenses des administrations publiques", qui ont bondi de 0,8%, tirant la statistique globale. Et sous ce vocable anodin, apprend-on, l'INSEE classe...la consommation de médicaments et de dépenses de santé (+0,8%), payée par la Sécu. Autrement dit, tombez malade, souffrez, toussez, engloutissez pilules et sirops, consommez de délicieux scanners, de roboratifs IRM, vous serez patriotes, vous travaillerez pour la croissance. Mais pourquoi s'inquiète-t-on ? Le vieillissement de la population nous ouvre de radieuses perspectives. Hosannah !
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