Des pâtes aux truffes, arrosées de champagne Ruinart. On ne s'ennuyait pas dans les après-meetings de Sarkozy. Dans son livre, Big Magouilles, Violette Lazard raconte le faste de la campagne. En avril 2012, en marge du meeting de Nice, "dans les coulisses du palais Nikaia, c'est un buffet de victoire qui attend le candidat et les VIP invités à trinquer avec le président à l'issue de son discours, explique la journaliste dans les extraits publiés par L'Obs. Deux grandes tables ont été installées, l'une dans les coulisses et une autre dans la grande loge du candidat. Un ingrédient a été agrémenté à toutes les sauces : la truffe. Tous les privilégiés invités ce soir-là à cette after de luxe s'en souviennent, car l'une des particularités de ce champignon hors de prix, même ceux qui n'en ont jamais mangé le savent, c'est son odeur entêtante et capiteuse (...) Des dizaines d'invités déambulent entre les bouchées de brouillade d'oeufs et de spaghettis à la truffe. (...) Du champagne, du Ruinart blanc, a été débouché pour arroser ce cocktail de luxe". Un participant raconte : "Nous sommes nombreux à avoir halluciné ce soir-là, nous mangions de la truffe et buvions du champagne alors que nous n'avions pas gagné...".

Ça, c'était en coulisses. Sur le devant de la scène, c'était pas mal non plus. Le candidat n'a pas lésiné sur les moyens pour produire de belles images, destinées aux 20 heures et aux chaînes d'info continu. Près de 4 millions d'euros ont par exemple été versés à un prestataire pour la mise à disposition d'une "super régie haute définition, capable d’émettre un signal vidéo de la qualité d’une télévision", peut-on lire dans les bonnes feuilles publiées par Libé. Un autre prestataire, TSF, spécialisé dans le cinéma, a également été mis à contribution. La campagne lui a rapporté l'équivalent de "dix longs métrages". Outre la qualité du son et de l'image, les meetings étaient filmés avec "une grue télescopique" afin qu'une caméra puisse "balayer la foule d’en haut, donnant une impression de force, de marée humaine".

Certes, Sarkozy n'a pas gagné mais il était bien conseillé. A des tarifs exorbitants. C'est l'autre révélation du livre de Violette Lazard. Patrick Buisson, le conseiller de Sarkozy, magnéto-maniaque, mis en cause dans le cadre de l'affaire des sondages de l'Elysée pour des contrats jugés faramineux, avait trouvé refuge... à l'UMP. L'Elysée étant contraint de diminuer le montant des contrats de Publifact (la société de Buissson), le parti aurait pris le relais en triplant les contrats existants liant l'UMP à la société de Buisson, lequel aurait ainsi touché plusieurs centaines de milliers d'euros pour de simples conseils. C'est ce qu'a expliqué Violette Lazard au micro de France inter ce jeudi :

Des bonnes feuilles dans Libé et L'Obs, une interview à France inter : ce plan com' à trois a eu les effets attendus. Les extraits des bonnes feuilles de Big Magouilles se sont retrouvées partout dans la presse.

Des bonnes feuilles à classer dans notre dossier : "Bygmalion, de l'UMP à France Télévisions"