Fabien Engelmann, maire FN d'Hayange, accusé par son ancienne adjointe Marie Da Silva (depuis démise de ses fonctions) de ne pas lui avoir remboursé des fonds non déclarés pendant la campagne électorale, est soupçonné d'avoir truqué l'exclusion de cette dernière.

Après avoir dénoncé des irrégularités dans les comptes de campagne, Da Silva a donc été démise de ses fonctions lors du conseil municipal de mercredi soir. Le résultat du vote, qui fait état de 21 voix contre, 1 voix pour et 1 vote blanc, est vivement contesté par plusieurs de ses adjoints. Trois d'entre elles, interrogées par Libération, vont même porter plainte : "J’ai voté pour qu’elle reste, il y a eu magouille !", s’insurge Emmanuelle Springmann, adjointe aux festivités. Même indignation chez Patrice Hainy, adjointe aux sports : "Moi aussi j’ai voté pour qu’elle reste, le résultat est scandaleux ! C’est du délire". Et l'une de ses collègues : "C’est grave pour Hayange, pour le FN. Le parti est sali. Jamais plus le Front ne gagnera dans cette ville".

Invité à réagir par Libération, le maire de la ville a préféré ironiser : "Bien sûr, je suis du KGB, et il y a la Stasi à Hayange! Soyons sérieux… De plus, les salariés qui se sont occupés du dépouillement se sentent attaqués". Selon lui, ses adjoints auraient... mal compris la question : "Il s’agissait de voter pour ou contre le maintien de Marie Da Silva, certains ont peut-être confondu. Ils ont peut-être cru que voter pour signifiait pour qu’elle parte, alors que c’est l’inverse".

Interrogée par Le Monde vendredi, Marine Le Pen soutient toujours, officiellement, le maire frontiste : "Tout cela est monté en épingle pour cacher le fait que les premiers pas des villes FN sont remarquables", estime-t-elle. Mais en coulisses, certains hauts gradés du FN semblent plus inquiets : "Oui, on a un problème avec Engelmann, on ne sait pas quoi faire. Il dirige sa ville comme il dirige une section de LO, c'est-à-dire avec sectarisme", affirme en off un cadre du parti cité par Le Parisien.

France TV Info s'est aussi rendu sur place, où plusieurs habitants interrogés dénoncent un climat "tendu" et "malsain" depuis l'élection de Engelmann. Il faut dire que les mesures polémiques ne manquent pas : à l'hôtel de ville d'Hayange le drapeau européen a été remplacé par plusieurs drapeaux français, trois wagonnets autrefois utilisés au fond des mines de charbon ont été repeints en bleu-blanc-rouge, une fête du cochon verra le jour à Hayange à la mi-septembre avec le soutien sur Internet de groupuscules d'extrême droite et selon plusieurs témoins, un boucher hayangeois aurait été prié de proposer "de la viande traditionnelle", en plus de la viande halal.

Comment ont démarré les affaires Engelmann ? L'occasion de lire notre enquête sur les "coulisses du buzz de Canal+".