Ukraine : l'état de guerre dans les têtes
Brève

Ukraine : l'état de guerre dans les têtes

Frémissement dans le paysage : un sommet de l'OTAN se réunit au Pays de Galles. Attention, ça va saigner. Que va-t-il décider face aux deux figures barbares du moment, l'Etat islamique et Poutine ? Tourner le bouton de sa radio, ouvrir un journal, c'est s'exposer à une longue déclinaison du thème de Poutine l'imprévisible, Poutine l'irrationnel, Poutine le monstre (qui est allé, rappelle Le Monde, jusqu'à conserver ses chiens avec lui, lors d'un sommet avec Angela Merkel, connaissant l'aversion de la chancelière pour les chiens). Face à ce monstre, le sous-thème d'Obamou-le-trop-cérébral-dans-un-monde-de-brutes-qu'est-ce-qu'il-attend-pour-cogner gagne chaque jour en puissance. Chaque intervention belliciste d'un parlementaire américain, de préférence démocrate, est montée en épingle.

Face à ce courant dominant, quelques voix adverses s'efforcent de faire contrepoids. Dans les medias mainstream, Le Pen et ses satellites et, à l'autre extrémité, Mélenchon, se rejoignent par exemple aujourd'hui dans la condamnation de la suspension, par Hollande, de la vente du porte-hélicoptères Mistral à la Russie -on a bien dit suspension. Et toute suspension peut être à son tour suspendue, ce qui est le propre d'une suspension. Sur la Toile, quelques voix isolées, comme les infatigables Sapir ou Berruyer, contrebattent la propagande ukrainienne, en relayant la propagande russe.

Deux monologues parallèles. Imperturbablement parallèles, et hermétiques à tout fait sortant du cadre. Ce qui est peut-être la meilleure définition de l'esprit de guerre. Prenons par exemple deux informations, relativement indiscutables aujourd'hui. Première info : le régime de Kiev bombarde son propre peuple, faisant des centaines, des milliers peut-être, de victimes civiles, femmes, enfants, vieillards. En entendez--vous parler aux infos du matin ou au JT ? En voyez-vous les photos, insoutenables ? Deuxième info : oui, des soldats russes combattent clandestinement en Ukraine, avec un statut encore mal connu. En entendez-vous parler sur les blogs de Sapir et Berruyer ? C'est l'impossibilité de gérer ces deux informations en même temps, de leur donner le même statut, la même importance, de les considérer avec un esprit critique égal, de les admettre à égalité comme potentiellement vraies ou fausses qui, d'un 14 l'autre, définit l'état de guerre dans le têtes (jusqu'à y instiller l'idée que le camp adverse a gagné la bataille, comme l'affirmait en toute bonne foi le journaliste du Monde Piotr Smolar, dans une mémorable émission). Raison de plus pour tenter, aussi longtemps qu'il sera possible, d'y résister.

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