Loyers : Duflot défend sa loi
Brève

Loyers : Duflot défend sa loi

Cécile Duflot au taquet pour défendre sa loi sur le logement qui désormais ne porte plus son nom : depuis que le premier ministre Manuel Valls a annoncé vendredi son plan de relance de la construction qui édulcore la loi Alur, l’ancienne ministre du logement profite de sa tournée médiatique à l’occasion de la publication de son livre pour défendre la mesure phare de sa loi et par ailleurs promesse de campagne de François Hollande : l’encadrement des loyers.

L’encadrement des loyers n’est pas seulement une promesse de campagne de Hollande mais un besoin pour les villes, se défendait Cécile Duflot hier sur le plateau de C à vous sur France 5. Visiblement, le coup porté à sa loi par Manuel Valls lors de l’annonce du plan de relance de la construction reste en travers de la gorge de l’ancienne ministre. Mais elle n’est pas la seule : samedi, en pleine tragi-comédie des Universités d’été du PS à la Rochelle, la maire de Lille Martine Aubry a affirmé vouloir mettre en place l’encadrement des loyers dans sa ville. Très vite, elle est soutenue par Claude Bartolone, député de Seine-Saint-Denis et président de l’Assemblée nationale.

Histoire de calmer le jeu, Valls a alors annoncé qu’il acceptait la proposition d’Aubry en précisant que "si en plus de Paris, d'autres villes comme Lille sont volontaires pour expérimenter l'encadrement des loyers, qu'elles le fassent". Parmi les volontaires déclarés, on compte aujourd’hui Marie-Arlette Carlotti, ancienne ministre, députée et élue municipale à Marseille (mais le maire UMP Jean-Claude Gaudin s'est déclaré opposé), ou encore le maire de Grenoble Eric Piolle, écolo élu lors des dernières municipales sur une liste Verts/Parti de Gauche/Mouvements citoyens. Ce dernier, dans une interview donnée au JDD, estime qu’il faut "s’emparer de ce nouvel outil dont on va apprendre à se servir" tout en rappelant que "ce n'est pas non plus une baguette magique". Il regrette par ailleurs le manque de précision sur l’application volontaire de cet encadrement.

Si le front des maires en faveur de l'encadrement des loyers s'élargit, comme le titre Le Figaro, les détracteurs de cette mesure sont toujours aussi virulents.

Dernier en date : le journaliste Vincent Giret, directeur délégué des rédactions du Monde qui décrypte l’éco sur France Info depuis la rentrée. Dans son billet de ce matin, Giret explique que les économistes sont unanimes : la baisse de la rentabilité locative engendre une dégradation voire une diminution du parc locatif. Et de citer - sans le nommer - un économiste américain qui soutient qu’il existe deux façons de tuer une ville : le bombardement et l’encadrement des loyers.

D'où vient cette phrase choc ? Elle revient régulièrement sur le tapis quand il s'agit de dénoncer les "effets pervers" de l'encadrement des loyers, et notamment dans cet article publié en 2011 sur le site libéral Contrepoints, traduction d’un papier de l’économiste Art Carden paru en 2009 et qui reprenait les conclusions d’un autre économiste Joseph Salerno de la Pace University. Le message était clair : "quand une ville est victime du contrôle des loyers, elle est détruite par des gens qui ont de bonnes intentions".

Réplique immédiate de Duflot sur twitter : Giret a oublié de citer une étude française qui affirme le contraire. Cette étude, menée en 2011 par le sociologue Loïc Bonneval sur la période 1860-1968 dans le bassin lyonnais, montre que le contrôle des loyers n’a pas empêché la rentabilité de l’investissement locatif. Il dénonce également des critiques "solidement ancrées aussi bien parmi les associations de propriétaires (ce qui n’est guère surprenant) qu’au sein du monde académique". Selon le sociologue, "il s’est forgé, dès sa mise en place dans l’entre-deux-guerres, une vision extrêmement négative du contrôle des loyers et de ses effets sur l’investissement immobilier". Or, conclut-il, "le postulat d’un effondrement de la rentabilité consécutif au contrôle des loyers est erroné." Erroné mais indéboulonnable.

>> Pourquoi la presse en veut-elle autant à la loi Duflot ? Réponse ici.

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