Le viol à l'indienne, version glamour
Brève

Le viol à l'indienne, version glamour

M le magazine du Monde a publié hier un article issu de The Business of Fashion intitulé Inde : la séance photo de trop. « Le photographe indien Raj Shetye a tenté de banaliser et de rendre glamour le viol collectif mortel de New Delhi en 2012 », nous dit le chapô :


On se souvient en effet du viol de cette étudiante qui se déroula dans un bus de New Delhi en décembre 2012. L'affaire provoqua une immense émotion en Inde où cette pratique est monnaie courante, et où le laxisme de la justice est de notoriété publique. Certains députés demandèrent à cette occasion que de tels crimes soient punis de la peine de mort, plusieurs manifestations violentes se déroulèrent à New Delhi.

La une du Times of India du 20 décembre 2012 :
« La colère monte en ville alors que la jeune fille est mourante »


Quelques jours plus tard, l'étudiante décédait dans un hôpital de Singapour.

Ces jours-ci, donc, un photographe de mode indien jugea opportun de recréer ce drame en une version mode, sexy, glamour. « Ces images n’ont jamais été imprimées, mais à notre ère de réseaux sociaux, une fois en ligne, elles ont vite fait le tour de monde, suscitant l’indignation partout où on les ouvrait », écrit The Business of Fashion. Voici une autre de ces images, publiée par The Independent (la série est intitulée The Wrong Turn, Un mauvais virage au sens premier, Ça tourne mal au sens figuré) :


Ce n'est pas la première fois que de pareilles dérives se produisent dans le milieu de la mode. « En 2008, Vogue India fait poser des gens de la rue dans des vêtements et des accessoires de luxe bien au delà de leurs moyens. Et tous ces modèles blancs, aux visages grimés en noir, comme le shooting très controversé avec Lara Stone pour le Vogue français. Sans oublier le numéro de VICE magazine, mettant en situation des célébrités au bord du suicide. Cette année, Vogue Italie a utilisé des scènes de violence domestique, et le site web russe Buro 24/7 a fait asseoir la galeriste Dasha Zukhova sur un siège qui était en fait une femme noire à moitié dénudée… Une “oeuvre d’art” du norvégien Bjarne Melgaard », écrit The Business of Fashion.

Et de conclure ainsi :

« Cette accumulation de mauvais goût fait paraître l’industrie de la mode sous le pire des jours. Et même si aucun de ces exemples n’arrive à la cheville des images de viol produites par Raj Shetye et toute son équipe, mis bout à bout, ils contribuent à la théorie selon laquelle cette industrie vit vraiment dans une réalité parallèle, en tous cas pas dans celle où les problèmes graves doivent être traités avec sérieux. »



L'occasion de lire ma chronique intitulée De l'utilité persistante de la femme-objet dans laquelle j'expliquais que la « femme noire à moitié dénudée (…) du norvégien Bjarne Melgaard » n'a rien à voir avec une quelconque photo de mode puisqu'il s'agit d'art contemporain.

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