Ecoutes Sarkozy : plainte contre Le Monde
Qui a prévenu Nicolas Sarkozy qu'il avait été placé sur écoutes ? Dans un article publié dans son édition du 13 juillet, Le Monde assure que les enquêteurs sont convaincus que le 25 février 2014, Nicolas Sarkozy a été prévenu qu'il avait été placé sur écoutes sur son téléphone secret, dont la ligne a été ouverte sous le pseudonyme de Paul Bismuth et avec lequel Sarkozy échangeait librement avec son avocat, Me Thierry Herzog. Pourquoi les enquêteurs en sont-ils convaincus ? Tout simplement parce que ce jour-là, le ton entre les deux hommes change radicalement, comme nous vous l'avons expliqué.
Poursuivi, entre autres, pour corruption active et trafic d'influence, Sarkozy est soupçonné d'être intervenu en faveur du magistrat Gilbert Azibert pour l’obtention d’un poste à Monaco, en échange de quoi ce dernier jouait le rôle d'informateur auprès de l'ex-locataire de l'Elysée. D'après les écoutes, le 24 février, Sarkozy semble prêt à faire cette intervention. Mais deux jours plus tard, changement de ton : il n'en est plus question. Entre-temps, Sarkozy aurait su que son téléphone secret était lui-aussi sur écoute. Visiblement déjà prévenu début janvier, que son portable officiel était surveillé (d'où l'ouverture d'une ligne sous un faux nom), Sarkozy aurait bénéficié d'une nouvelle fuite.
De la part de qui ? L'article du Monde précise que le 11 janvier, jour de l'ouverture de la ligne secrète entre Sarkozy et Herzog, seules cinq personnes étaient au courant des écoutes : le juge Serge Tournaire (à l'origine de la demande de ces interceptions), Sylvie Blondet, cadre administratif au barreau de Paris (qui reçoit un mail transmis pour avis), Philippe Lucet (secrétaire général de l'ordre des avocats), le nouveau batonnier de Paris, Pierre-Olivier Sur, et son directeur de cabinet, Olivier Guilbaud. D'après Le Monde, aussitôt informé de ces écoutes, le batonnier aurait répondu par écrit : "Top secret absolu. Nous sommes tous les trois au courant (plus O. Guilbaud). Un point c'est tout ".
Ce dernier détail montre que Le Monde a visiblement été bien informé sur l'état du dossier judiciaire. D'où la contre-attaque de Me Pierre-Olivier Sur (par ailleurs l'avocat d'ALP, la société de production de Koh-Lanta qui a tenté, sans succès, de dévoiler les sources d' @si). En portant plainte pour recel de violation du secret de l'instruction contre Le Monde, le batonnier entend sans doute se venger de ce qu'il estime être l'insinuation du journal que ce serait son entourage qui aurait, en contravention des règles de déontologie, prévenu "Paul Bismuth" et son avocat qu'ils étaient écoutés. La guerre continue.
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