Requiem, ou les photos du musée d'Hô-Chi-Minh-ville
Brève

Requiem, ou les photos du musée d'Hô-Chi-Minh-ville

Donatella Lorch est une journaliste américaine, une correspondante de guerre qui pendant vingt ans couvrit les conflits en Afghanistan, au sud-Soudan, en Ouganda, au Rwanda, en Bosnie, au Kenya et encore ailleurs pour le New York Times, NBC News et Newsweek. Elle a publié hier, sur le blog Lens du New York Times, un article intitulé War’s Lingering Requiem in Vietnam (Viêt-nam : le requiem lancinant de la guerre) dans lequel elle raconte sa visite du War Remnants Museum, le musée des souvenirs de la guerre d'Hô-Chi-Minh-ville.

Photo © Luong Nghia Dung

C'est là, au dernier étage, qu'elle découvrit une exposition intitulée Requiem qui affiche 330 photos encadrées réalisées par 134 photographes de onze pays différents, tous tués pendant les combats. « L'exposition réunit pour la première fois des images prises par des photographes de guerre nord-vietnamiens, vietcongs et occidentaux », écrit-elle.

Les Occidentaux s'appelaient Gilles Caron, Larry Burrows, Henri Huet ou Dana Stone. Tous étaient civils.

Photo © Gilles Caron

Photo © Larry Burrows

Photo © Henri Huet

Photo © Dana Stone


Les photographes nord-vietnamiens et vietcongs, contrairement aux occidentaux, étaient en même temps des combattants qui « développaient leurs films la nuit au bord des ruisseaux, utilisaient des boîtes en carton en guise de chambre noire et des bols à soupe en guise de cuve de développement ». Ils s'appelaient Luong Nghia Dung, Tran Binh Khuol, ou encore Huynh Thanh.

Photo © Luong Nghia Dung

Photo © Tran Binh Khuol

Photo © Huynh Thanh


Si les clichés des reporters occidentaux sont célèbres, la plupart des photos exposées sont inédites et furent sauvées de l'oubli par Tim Page, fameux photographe anglais qui couvrit la guerre américaine du Vietnam et qui, accessoirement, servit de modèle à Dennis Hopper pour le rôle du journaliste photographe dans Apocalypse Now.

Avec l'aide de Horst Faas, ancien correspondant à Saigon de l'Associated Press, Page entreprit de réunir des clichés pris par des photographes des deux camps morts au combat. C'est ainsi que pendant plusieurs années les deux hommes rendirent visite aux familles occidentales et vietnamiennes des photographes disparus, recueillirent des images qu'ils finirent par publier en 1997 dans un livre intitulé Requiem: By the Photographers Who Died in Vietnam and Indochina (REQUIEM par les photographes morts au Viêt-Nam et en Indochine).


Ces photos furent exposées à Washington, Londres, New York, Bayeux et Tokyo. Six anciens Marines, devenus hommes d'affaires, achetèrent alors l'exposition et l'offrirent au musée des souvenirs de la guerre d'Hô-Chi-Minh-ville qui l'accrocha, entre 2000 et 2010, dans un ancien parking à vélos. Les photos s'y abîmèrent, jusqu'à ce que de nouveaux tirages soient effectués. Ils sont aujourd'hui exposés de manière permanente dans des salles du musée dignes de ce nom.

330 photos, rendant hommage à 134 photographes originaires de onze pays différents.



L'occasion de lire ma chronique intitulée Pourquoi la photo d'une fillette au Vietnam nous parle encore, trente-cinq ans après.







Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.