Daily Telegraph et photos du jeune Rom lynché
"La photo qui va choquer la France" titre le Daily Telegraph londonien en montrant sur son site deux photos, dont une en gros plan, d'un jeune homme en tee-shirt rouge, avec le visage tuméfié et un oeil fermé (que nous avons choisi de ne pas montrer). Selon le Daily Telegraph il s'agirait du jeune Darius, un Rom âgé de 16 ans, violemment tabassé après avoir été, semble-t-il accusé de vol dans une cité proche du campement, où il vivait. Le quotidien explique que les photos lui ont été transmises par un voisin du campement où habitait le jeune homme. |
La photo n'avait pas été publiée sur des sites français ce matin et d'ailleurs Sylvie Moisson, la procureure de Bobigny en charge de cette affaire a souligné que "le droit français s'oppose à la diffusion de cette photo d'une victime mineure qui a droit à la protection absolue de son image sous peine de poursuites pénales."
Une version qui corrobore celle de Timothée Boutry, le journaliste du Parisien envoyé sur place après avoir reçu l’alerte AFP sur l’agression, souligne Rue 89. "Pendant l’enquête de voisinage habituelle, l’un des voisins nous a proposé des photos, à moi et mes collègues. Je les ai sur mon téléphone, on me les a ensuite transmises en fichier par e-mail, et je les ai rapportées après mon enquête." Elles étaient décrites dans la première version du papier du Parisien, mise en ligne, en soulignant leur caractère insoutenable: la référence a été supprimée pour le papier au bouclage de 22h30, par manque de place."
Le correspondant du Daily Telegraph à Paris, Rory Mulholland, avait aussi obtenu les photos lors de son enquête de voisinage, auprès du même voisin, raconte Rue 89. "Il nous a donné une photo, qui avait déjà été reprise par une chaîne de télévision roumaine qui l’a également diffusée. Nous nous sommes interrogés sur le caractère authentique de la photo, mais tout concordait: la description faite par Le Parisien, les informations judiciaires, le fait qu’il portait un T-shirt rouge".
Le Parisien, de son côté, avait choisi de ne pas diffuser les images, même si le reporter souhaitait à l'inverse les diffuser. "J’étais personnellement partisan de diffuser une image, afin de dénoncer le lynchage", explique Boutry. "Or, la politique du Parisien est de ne pas montrer la photo d’une victime, de surcroît mineure, dans une position dégradante. Le fait qu’il ne puisse pas, dans son état actuel, s’exprimer sur la diffusion de ces photos, nous a également retenus."
Lire aussi la chronique de Daniel Schneidermann : Rom, derrière le lynchage.
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