Renzi, Piolle, et le storytelling
Brève

Renzi, Piolle, et le storytelling

Et dire que je tente de comprendre, sur le plateau de l'émission de cette semaine, les raisons du triomphe de Matteo Renzi, en Italie.

Et dire que je me pose des questions compliquées : comment Renzi concilie-t-il, idéologiquement, relance par la consommation par la baisse des impôts des bas salaires, et extension du domaine des CDD ? Et si les réponses étaient parfois beaucoup plus simples ? Renzi plait, parce qu'il reçoit la presse internationale en jeans. Parce qu'il est jeune. Parce qu'il circule en vélo. Parce qu'il renouvelle le désespérant paysage. Parce que certains Italiens voient sûrement en lui une sorte de Grillo propre. Parce qu'il n'y a rien d'autre sur le marché. Parce qu'on veut y croire, envers et contre tout. Croire qu'il existe, pour ces vieux pays sur ce vieux continent, une voie de sortie.
Ne pas se laisser hypnotiser par la jeunesse et une paire de jeans. Renzi réussira-t-il son grand écart ? Comment financera-t-il ses cadeaux fiscaux ? Personne ne sait. A son arrivée au pouvoir, Blair aussi était jeune, et séduisant. Dieu sait si on nous l'a vendu, le storytelling du jeune père de famille, pouponnant à Downing Street. On a vu comment il a fini, en théoricien du storytelling le plus rance, avec son grand sorcier Alastair Campbell, et en caniche de Bush (si ce n'est pas encore fait, regardez d'urgence The loop, le meilleur film sur le sujet). Mais comment s'empêcher d'espérer ?

Tiens, à propos de storytelling (et de technique de lutte contre la douleur), vous vous souvenez de la saga de l'élection d'Eric Piolle ? De son édifiante biographie de cadre qui a démissionné de Hewlett Packard car il désapprouvait une délocalisation ? Eh bien c'était de la com'. Plus exactement, c'était vrai, mais les motivations de Piolle étaient moins limpides que cela fut ensuite raconté. Dans une interview sur le sujet, Piolle explique avoir aussi désapprouvé ces délocalisations parce qu'elles n'étaient pas "profitables pour l'entreprise". Et si elles l'avaient été ?



Reste que l'épisode a soigneusement été monté en épingle, parce qu'il était valorisant dans une biographie. Qui le raconte ? Le spin doctor de Piolle, Erwan Lecoeur, dans le dernier numéro du magazine local Le Postillon (je l'avais découvert à Grenoble, et je vous en parlais ici). C'est Lecoeur qui, arrivant de Paris et découvrant cet épisode de la vie de Piolle, a eu l'idée d'en faire un des éléments du storytelling du candidat. Avec succès : l'épisode a été partout martelé, "donnant de Piolle l'image d'un homme courageux et intègre" dit Le Postillon (Piolle parti, l'entreprise a d'ailleurs fini par délocaliser). Fallait-il pour autant se retenir d'exploiter cet atout-maître ? Peut-il exister un espoir lucide ? Allez, c'est bientôt le bac philo.



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