Politiques et medias, "couple obscène" (Wieviorka/Libération)
Administrateur de la Fondation maison des sciences de l’homme (FMSH) et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) Wieviorka évoque la crise actuelle qui serait celle du tandem politico-médiatique. "Nous vivons le déclin, (...) d’une formule qui a vécu une bonne quarantaine d’années" qui "reposait non pas sur un seul type d’acteur, les partis, (...) les intellectuels organiques, mais sur deux : comment ignorer ici les médias classiques, avec (...) leurs relations devenues souvent presque incestueuses avec la classe politique" Ce cycle a été inauguré au début des années70, quand se met en place un paysage politique structuré autour de deux forces, la gauche et la droite : "A gauche, le Parti socialiste" qui serait, selon lui "épuisé idéologiquement, ses références imaginaires à la social-démocratie, (...) ne tiennent guère la route, et pas davantage la pensée magique qui veut que, comme par enchantement, l’économie doive entrer dans un cycle de retour à la croissance et d’inversion de la courbe du chômage." "La gauche de la gauche ne va guère mieux, qu’il s’agisse d’un Parti communiste devenu presque onirique ou d’une extrême gauche tournant au populisme." assène Wieviorka. |
Quant à l’information politique, elle "a donné l’image de relations étroites entre les journalistes et les pouvoirs, et contre-pouvoirs. On pourrait proposer une image «people» de ce couple, en dressant la liste des ménages qui l’incarnent ou l’ont incarné ces dernières années, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Dans cette béance, le FN (...) n’a pas détruit le système politique, il s’est imposé dans sa décomposition."
Mais l'arrivée d'Internet, des blogs, des réseaux sociaux a "créé un espace nouveau, indissociable d’une culture de la liberté d’expression, de la réactivité, de l’interactivité." ce qui souligne la "perte de légitimité" des médias classiques "et leur début de disqualification dus à leur participation à un couple qui perd son hégémonie dans la parole et l’information politiques."
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