La science, sur son strapontin
Brève

La science, sur son strapontin

C'était en 2006. Le 14 juillet exactement. Pierre Barthélémy s'en souvient

, parce que c'était le dernier 14 juillet de Jacques Chirac. La rédaction en chef du Monde se consumait de curiosité : quel message le président allait-il adresser à la nation ? Le même jour, la revue Nature faisait état d'une expérience, une des toutes premières du genre : un tétraplégique, via des électrodes implantées dans son cerveau, était parvenu à déplacer un curseur sur un écran d'ordinateur. Alors chef de la rubrique Sciences au Monde, Barthélémy considérait évidemment cette dernière information comme plus importante que la première. Il était bien esseulé dans la hiérarchie du journal.

Quelques jours plus tard, le Web avait rendu son verdict : quelques centaines de reprises en ligne pour l'information sur Chirac, et 20 000 pour l'article de Nature sur la découverte scientifique. C'est Barthélémy, voici quelques jours, qui rappelait l'anecdote, sur son blog Passeur de sciences (et Philippe Meyer qui signalait opportunément ce post ce matin dans sa chronique de France Culture). Si Barthélémy convoquait ce souvenir, c'est à l'occasion du congrès du journalisme scientifique, qui s'est tenu à Montreal la semaine dernière, et pour revendiquer, en faveur du journalisme scientifique, une place un peu meilleure que celle de "strapontin de l'actualité".

La place du pauvre consentie aux sciences dans ce que l'on appelle pourtant "la presse généraliste" reste un profond mystère. Aux radios de ce matin, à l'heure de la plus grande écoute, juste avant la chronique de Meyer, quels invités étaient offerts à la curiosité du matinaute zappeur ? Le ministre Eckert, le ministre Désir, le commissaire européen Barnier, le politicien Copé, pour évoquer un article de l'ex-président Sarkozy. Les péripéties politiques nationales (et très accessoirement, en ce moment, européennes) sont le socle évident de l'actualité, son pivot central, le soleil de la galaxie. Et les sciences ? Elles ne percent leur plafond de verre que lorsque le sujet prête à la controverse politico-idéologico-environnementale (les OGM, le réchauffement, la transition énergétique). Ne parlons même pas d'intérêt de l'information. Mais en simples termes économiques, dans un secteur désespérément en quête de lecteurs, et dans un système théoriquement régi par la loi de l'offre et de la demande, et alors que tout indique une forte demande d'information scientifique, oui, c'est un mystère. D'ordre quasi-scientifique.

Dessin de Marion Montaigne, elle aussi passeuse de sciences, que l'on peut retrouver ici

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