Europe, le serment des cinq
Brève

Europe, le serment des cinq

Vous savez quoi ? Je suis encore vivant. Et pourtant, j'ai vécu dangereusement.

J'ai regardé un débat sur l'Europe, en anglais doublé, et avec plein d'étrangers (deux Allemands, un Luxembourgeois, un Belge, un Grec). Oui, ce fameux débat mistigri, qui faisait si peur à France Télévisions en général, et à Pujadas en particulier, qu'ils déploient l'essentiel de leur énergie, depuis quelques semaines, à éviter de le diffuser, celui-là ou un autre. L'Europe, pour la télé publique française, ça va bien, mais à petites doses, à petites cuillérées, savamment diluée, comme dans le documentaire "le roman de l'Europe", que diffusait France 2 la même soirée, et dans lequel les interviews d'étrangers étaient soigneusement entrecoupées de larges rasades de DSK ou de Guillaume Durand ( si si, le Guillaume Durand. Vous ne connaissiez pas sa contribution décisive au débat sur Maastricht ?)

Bon, je ne joue pas au héros. Je ne l'ai pas regardé en direct, j'avoue. En replay, et avec quelques avances rapides. Mais j'ai survécu. Et même, disons le mot, j'ai assisté à une vraie rencontre : celle de l'Europe et de la télé. Oui, l'Europe insitutionnelle, pas l'Europe en creux (Bruxelles la punitive, le dumping social allemand), ni l'Europe-coups de gueule (Cohn-Bendit et ses gueulantes pour zapping), ni même, hélas, l'Europe des anti-Europe (l'absence de tout représentant de la mouvance lepénoïde laissait tout de même une désagréable impression d'entre-soi) mais l'Europe du coeur de la machine, avec sa palette de visages, ceux des éléphants (Juncker, Verhostadt, Schulz, tous trois zoologiquement intéressants, chacun dans son genre), comme ceux des outsiders Tsipras et Keller, les plus attendus évidemment, c'est à dire dont on attend sans trop y croire qu'ils nous donnent envie d'aller voter.

Je ne vous le résume pas. Austérité, banques, évasion fiscale, Ukraine, Ecosse, Catalogne, immigration, on a parlé de tout, en digestes modules d'une minute par personne (jusqu'à une trop courte passe d'armes Keller-Verhofstadt sur la transparence des élus), mais le moment décisif fut cette sorte de putsch des cinq, quand tous sont tombés d'accord : le futur président de la Commission était là, sur scène, parmi eux, au bout du bulletin de vote des électeurs. Sous-texte : hors de question que les chefs d'Etat s'arrangent entre eux pour en faire nommer un sixième, une fois les élections passées (suivez mon regard en direction de Merkel, qui parait-il se méfie tellement de Schulz qu'elle serait prête à faire nommer la Française Lagarde). Comment donc ? Il pourrait arriver que la démocratie tienne ses promesses ? Mais oui. A les voir, là, tenir tous ensemble ce serment des cinq, on sentait qu'il en serait ainsi, du seul fait que cet instant avait eu lieu, en direct, en public. Une émission performative, en somme, qui a ligoté en douceur les mains de Hollande et Merkel. Ce qui ne résoudra évidemment rien sur le fond, mais c'est une autre histoire.

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