Brève

Débat F2 : Cambadélis et Bayrou offrent asile aux étrangers

La rédaction

09 mai 2014 Maj: 09 mai 2014

France 2 ne cesse d'être au coeur de polémiques quant à sa couverture des élections européennes. Trois invités de l'émission spéciale européennes Des paroles et des actes le 22 mai ont annoncé leur intention de se faire remplacer par leurs candidats à la présidence de la commission européenne. La chaine avait misé sur un débat franco-français, mais la composition du plateau pourrait être bousculée.

Suite du feuilleton. Après la polémique sur la (non) retransmission du débat européen du 15 mai, dont nous vous parlions ici, France Télévisions est lâchée par Jean-Christophe Cambadélis (PS), François Bayrou (Modem) et Emmanuelle Cosse (EELV). Dans un communiqué adressé au groupe le 8 mai, le premier secrétaire du Parti Socialiste a proposé d'être remplacé par l'allemand Martin Schulz, candidat des sociaux-démocrates à la présidence de la commission européenne. Pour Cambadélis, le choix de privilégier les chefs de partis hexagonaux "va ramener inévitablement une émission, dont l'enjeu doit être l'élection européenne, à une dimension nationale". Désaccord sur le fond, donc. Mais sur la forme aussi : "la présence à une heure de grande écoute de Marine Le Pen, présidente du Front national, et de Jean-Luc Mélenchon, tous deux têtes de liste, pose un problème d'égalité de traitement avec les candidats des autres listes des euro-régions".

Le débat aura lieu le 22 mai, 3 jours avant les élections européennes

Dans la foulée,François Bayrou a annoncé son intention de céder sa place au Belge Guy Verhofstadt, également candidat à la présidence pour les libéraux-démocrates, arguant qu'il ne devait y avoir "qu'une seule règle du jeu". Schulz et Verhofstadt étant francophones, le débat ne pâtirait pas des lourdeurs de la traduction que semble redouter France Télévisions. Contacté par @si, François Bayrou explique qu'il avait informé France 2 "dès le premier contact" de ses doutes quant à la pertinence de l'invitation."France 2 avait refusé la présence de Guy Verhofstadt, donc j'avais accepté de participer. Mais quand j'ai vu que Cambadélis reprenait la proposition, je me suis dit que, s'ils acceptaient, je souhaiterais aussi que ce soit lui qui y aille".

Mis devant le fait accompli, les autres participants se sont exprimés sur cette tentative de mutinerie. La secrétaire générale d'Europe Ecologie - les Verts a ainsi affirmé dans une interview à Libération qu'elle avait également proposé ses candidats européens à France 2. "On nous répond qu'ils ne sont pas assez "bankable". Ça me navre..." déplore Cosse. Le candidat des Verts européens à la présidence de la commission européenne n'est autre que José Bové (en duo avec l'allemande Franziska Keller), figure pourtant bien connue des Français. De leurs côtés, Jean-François Copé et Marine Le Pen ont confirmé leur présence, même si les requêtes de remplacement devaient être acceptées par France Télévisions. Si le groupe ne s'est pas encore exprimé publiquement, Bayrou confie avec prudence qu'il avait "l'impression que France 2 allait maintenir les chefs de parti."

La proposition des socialistes d'envoyer Schulz débattre sur le plateau alors que la présence de Marine Le Pen est confirmée est également un tacle des socialistes envers la présidente du FN. Elle avait en effet refusé de débattre avec lui lors d'une précédente édition de Des paroles et des actes. Elle justifiait ainsi sa décision sur LCI / Radio classique : "Je ne vois pas l’intérêt de discuter avec des étrangers dans une campagne nationale. Je suis pour la suppression de la Commission européenne. Par conséquent, aller donner une légitimité au futur président - peut-être - de la Commission européenne, en débattant avec lui, ça n’a aucun sens." Y sera-t-elle obligée ? Suspense.

Elisabeth Denys