Crimée : la "grande déchirure" vue par Le Monde
Brève

Crimée : la "grande déchirure" vue par Le Monde

Et si pour bien comprendre ce qui se passe en Crimée, il suffisait simplement d'aller... en Crimée ? Le Monde a publié un excellent reportage intitulé "La grande déchirure". Une plongée passionnante dans le quotidien des habitants de Crimée pour comprendre "la grande déchirure".



En Crimée, les tensions entre pro-Russes et pro-Ukrainiens n'opposent pas deux catégories de population. Cette "déchirure" est ressentie à l'intérieur des familles. C'est ce qu'on comprend à la lecture du reportage de l'envoyée spéciale du Monde, Marion Van Renterghem, qui rappelle une nouvelle fois la valeur ajoutée du journalisme de terrain.

Extrait : "Novofedorovka ne compte pas plus de 5 000 habitants. Comme dans le reste de la Crimée, cette péninsule de la mer Noire longtemps russe, offerte par Khrouchtchev à l'Ukraine en 1954 et restée soviétique jusqu'à l'indépendance du pays en 1991, la majorité d'entre eux sont "russes", certains sont "ukrainiens" et la plupart sont mélangés : un parent russe, l'autre ukrainien.
Jusqu'à il y a encore quelques semaines, à vrai dire, personne ne se posait la question de savoir qui était d'où. Tous parlent la même langue : le russe. C'est l'unique langue d'usage dans la région, même si l'Ukraine indépendante a commis l'impair d'imposer officiellement l'ukrainien pour les documents administratifs. En Crimée, certains ne comprennent pas l'ukrainien, mais absolument tout le monde échange en russe.

Devant l'entrée de la base, à Novofedorovka, la petite foule s'occupe et discute. Lentement, insidieusement, la tension monte. Certains s'approchent de la grille, grisés à l'idée d'arracher bientôt le drapeau ukrainien qui trône encore juste derrière. D'un groupe à l'autre, on se met à évoquer la présence des soldats ukrainiens en Crimée. Une vingtaine d'années qu'ils sont là, à cohabiter en sympathie avec ceux de la flotte russe, pas de quoi en faire un sujet de conversation. Les soldats et leurs familles habitent là, ils font partie du village. Mais depuis le référendum du 16 mars sur le rattachement de la Crimée à la Russie, on s'est mis à les regarder d'un autre œil".

En quelques semaines, la cohabitation pacifiste entre les uns et les autres a viré à la confrontation. "A Sevastianovka, un petit village de 450 habitants à une quarantaine de kilomètres de Simferopol, les Tatars sont majoritaires et ont pourtant déjà senti les effets du " triomphe des Russes ". Meryem, une merveilleuse vieille dame aux yeux verts et au visage ridé par le sourire, a constaté que sa voisine russe, juste de l'autre côté de la rue, ne lui adressait plus la parole depuis le référendum. (...) " Ça fait vingt-trois ans qu'on vit ensemble, qu'on s'entraide, que je lui apporte du pain, qu'elle m'apporte du lait… Et tout d'un coup, elle m'évite. Qu'est-ce qui se passe ?"

Seul bémol : la journaliste a assisté à de nombreuses scènes, mais ne donne souvent la parole qu'aux pro-Ukrainiens. Un parti pris qui ne se comprend que dans la conclusion : "En Crimée, comme dans l'est de l'Ukraine et dans l'enclave de Transnistrie, en Moldavie, Vladimir Poutine pose des explosifs et redessine son empire selon ce principe sommaire : là où il y a un Russe, il y a la Russie. L'ironie de l'Histoire veut que le président commence son grand œuvre par la Crimée, la région où une jolie ville balnéaire du nom de Yalta a déjà vu se dessiner un partage du monde".

L'occasion de regarder notre émission consacrée à ce conflit, et dans laquelle interviennent justement trois reporters : "En Crimée, chaque pro-ukrainien avait son journaliste".

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