NSA, bâtards de juges : cette terrifiante accoutumance
Brève

NSA, bâtards de juges : cette terrifiante accoutumance

C'est une brève au journal de France Inter

: la NSA a mis sur écoutes un pays entier. Pardon ? Vous pouvez répéter ? J'ai mal entendu, j'étais encore en train de digérer les juges "bâtards" de Sarkozy. Un pays entier ? Trop tard. Le bulletin est déjà passé à autre chose. Si j'ai le temps, il faudra donc, clic clic clic, aller vérifier que j'ai bien entendu (si vous voulez savoir, oui, j'ai bien entendu. Même si le Washington Post, qui révèle cette info "de source de gens ayant eu connaissance des documents Snowden", a décidé, à la demande du gouvernement américain, de ne pas donner le nom de ce pays, détail que le journal assure connaître). Sinon, faute de vérification, je passerai à autre chose. Pas de souci : demain, le journal radio trouvera quelque chose d'encore plus fort. Deux pays. Dix pays. Un continent.

Cette accoutumance, tout de même. Cette terrifiante accoutumance à l'intraveineuse quotidienne des scandales (pour les débranchés, pour ceux qui se demandent, "mais bordel, on en est où?", notre dernier résumé est ici). Le trafic d'influence de Sarkozy ? Les coups de fil de "Paul Bismuth" à son avocat, pour prendre des nouvelles du copain magistrat à qui on a promis un poste à Monaco ? Déjà dépassé. Pour nous attirer, il en faut toujours davantage. Cette citation soigneusement choisie dans les écoutes de Herzog, sur les chances de victoire de l'opération Sarkozy-Herzog, "sauf si c'est le droit qui l'emporte". Parfait. Ce jeu de cache-cache des deux compères, qui mettent en scène une vraie-fausse conversation sur leurs lignes officielles, pour donner le change à leurs écouteurs. Génial. Sans compter le "ces bâtards de Bordeaux", à propos des juges qui ont mis Sarkozy en examen (sauf que, attention chers amis titreurs de Mediapart, ce n'est pas Sarkozy qui prononce l'insulte fatale, c'est Herzog).

Cette terrifiante accoutumance, en quoi nous transforme-t-elle ? En addicts de la stupeur incrédule, en camés de l'indignation. Et après ? Après, pour une partie d'entre nous, en électeurs des mouvements ou des candidats épargnés par la contamination, il en reste (je ne les cite pas, chacun reconnaîtra les siens). Et pour une autre partie, en ricaneurs mécaniques, condamnés à perpétuité à augmenter les doses, pour ressentir encore la petite secousse, le petit flash, qui permettra de passer la journée.

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