Ciné : Le Figaro privé de projections de presse
Brève

Ciné : Le Figaro privé de projections de presse

Les journalistes du Figaro privés de projections presse par Pathé et Gaumont. La faute à des critiques trop agressives. Gaumont de son côté regrette le manque d'élan positif dans la critique. Ambiance.

Privés de projo ! Dans un papier humorisitique intitulé "Pas de tomates pour les navets", Le Figaro annonce que ses journalistes sont désormais privés des projections presse de deux grands distributeurs de films : Gaumont et Pathé. La faute à des critiques trop critiques jutstement...Et Le Figaro d'écrire : "Les critiques sont des gens méchants. Parfois, ils écrivent du mal des gentils films. Parfois même, ils osent dire qu'ils ne sont pas tous des chefs-d'oeuvre. Pire, ils ne soutiennent pas systématiquement les longs métrages produits et distribués par les firmes Pathé et Gaumont. Qui n'ont rien contre la critique, pas du tout, du moment qu'elle tartine sur la qualité de leur réalisation", raille le quotidien.

Puis l'article rentre un peu dans le détail des griefs que Gaumont semble lui faire. Ainsi, les relations avec le distributeurs se sont dégradées quant le journal a illustré un dossier sur la faiblesse du scénario des films français illustré par des photos du film Mea Culpa de Fred Cavayé avec Vincent Lindon, distribué par la Gaumont. "Le scénario parent pauvre de la chaîne du film, il explique en partie la crise du cinéma français. Et les sorties à venir n'incitent guère à l'optimisme", soulignait le quotidien.

N'arrangeant pas son cas, le quotidien a également éreinté La Belle et la Bête un autre film...Gaumont. Sur le film, le chroniqueur Eric Neuhoff écrivait par exemple "Christophe Gans filme sans jamais émouvoir. Passez votre chemin." Idem, le dernier film de Catherine Breillat n'a pas non plus été épargné par Le Figaro : "Spectacle embarrassant. Huppert tord la bouche, agite le bras, recroqueville ses orteils. Ce numéro est souvent à la limite du risible. Son partenaire reste dans un registre terne, monotone." Dans le même temps, Le Figaro s'est brouillé également avec Pathé. La cause du délit ? Une critique vitriolée de Supercondriaque, le film de Dany Boon. "Petit film fragile que nous n'avons pas soigné comme il aurait fallu", ironise Le Fig.

Ces critiques gentiment assassines auraient-elles ainsi conduit les deux distributeurs à blacklister les journalistes du quotidien ? Pour le journal cela ne fait pas de doute, car, "la carrière des films est plus courte" souligne-t-il, et la critique reprendrait donc ainsi ses droits dans la prescription. Une impression "confirmée par Alain Kruger, ancien rédacteur en chef du magazine Première et producteur du «Cercle». "Les distributeurs sont en ce moment dans une obsession de contrôle liée à la durée de vie des films de plus en plus courte. C'est aberrant à l'ère du digital d'avoir des réflexes aussi protectionnistes. Ils oublient que le public peut se déterminer pour ou contre l'avis d'un critique."

"Ce qui manque dans les critiques c'est un élan positif", rétorque Gaumont

Interrogé par OZAP, Gaumont répond par la voix de Sidonie Dumas, sa directrice depuis 2004. Elle précise que "Gaumont ne s'opposera jamais à des critiques négatives" à condition que "les articles soient argumentés". Et d'ajouter : "beaucoup de critiques décrètent 'c'est nul' avant même d'avoir vu le film. Quand 200 millions de Français vont au cinéma par an et y retournent, la critique ne peut pas être systématiquement contre le métier, simplement par respect pour le public". Avant de regretter : "Ce qui manque chez les critiques, c'est un élan positif. C'est un mal très français". Gaumont a aussi répondu dans les colonnes du Figaro le 7 mars dernier. "Plusieurs journalistes sont interdits de projections. Certains ont été menacés de perdre leur emploi. Des encarts publicitaires sont supprimés. Qu'en pensez-vous?", demande le quotidien. Réponse : "Le cinéma français est malmené depuis plusieurs mois. À tort. Les articles sont trop généralistes: tous les scénaristes sont mauvais, les acteurs trop payés, le cinéma trop financé. Le cinéma est un bouc émissaire".

Enfin, Dumas lance une dernière pique : "Les critiques vont voir les films entre eux dans des conditions extrêmement privilégiées: projections privées et sans jamais payer leur place. Peut-être faudrait-il qu'ils fassent comme les critiques de théâtre et aillent voir les films au milieu d'un vrai public?"

Une nouvelle pierre pour notre dossier consacré aux relations tumultueuses entre le cinéma et les critiques.

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