Facebook, nouvel eldorado de la presse en ligne ?
Brève

Facebook, nouvel eldorado de la presse en ligne ?

Petite révolution dans le monde du web journalisme : pour plusieurs sites de presse américains, Facebook vient de supplanter Google comme source principale de trafic. Vrai bouleversement ou effet d'annonce ?

"Et d’un seul coup, Facebook devint l’entité la plus importante du web journalisme." En se basant sur un seul graphique, repris par Slate.fr, le magazine américain The Atlantic a couronné le réseau social. Et en regardant les chiffres avancés par Buzzfeed Network (200 sites de presse américains qui partagent réseau publicitaire et statistiques avec Buzzfeed, dont Slate US ou le New York Times par exemple), difficile de lui donner tort. Entre 2011 et 2013, la progression de Facebook est continue et en décembre 2013, le réseau social a amené 3,5 fois plus de visiteurs aux sites en question que le jadis tout puissant Google.

Et pour Slate, ce changement n'est pas anodin : sur Facebook, "on ne partage pas un article, on partage sa réaction à un article. C’est très différent." Des médias comme Buzzfeed (dont @si vous détaillait le modèle ici) mettent ainsi tout en œuvre pour inciter au partage Facebook simplement avec les titres, si possibles très accrocheurs et "prêts à partager". Mais comme pour Google (@si vous en parlait ici), Facebook n’influe pas seulement sur la forme des articles que l’on consomme, il influe d’abord et surtout les sujets choisis. Ainsi, pour qu’un article soit partagé sur Facebook, il ne devra pas concerner directement l’actu chaude comme sur Twitter, mais au contraire des histoires atemporelles comme "des études sur le bonheur ou de belles photos" note The Atlantic.

Bizarrement, les différents sites qui reprennent le graphique ne font pas le lien avec le récent changement d’algorithme annoncé par Facebook. Pourtant, annoncé en décembre, celui-ci vise justement à augmenter et optimiser l’affichage d’articles de presse dans le fil des utilisateurs. Il peut, au moins en partie, expliquer l’augmentation brutale du trafic en provenance de Facebook constatée fin 2013. Surtout, il montre que cette augmentation est pilotée par le réseau social lui-même. Demain, rien n’empêche donc Facebook de rendre moins visibles les articles de presse… Ou de faire payer pour qu’ils le soient.

Est-ce qu’on n’enterrerait pas un peu vite Google ?

Par ailleurs, derrière les titres très affirmatifs sur la prise de pouvoir de Facebook, la réalité est bien plus nuancée. Le graphique de Buzzfeed Network, simpliste, agrège ainsi sans détail des sites américains qui n’ont que peu de choses en commun. Il parait évident, par exemple, que le New York Times et Buzzfeed ont des sources de trafic très différentes. En changeant l'échantillon, on observe ainsi des résultats inverses à ceux présentés initialement : selon des professionnels du référencement, les principaux sites de presse obtiendraient toujours 2,5 fois plus de trafic en provenance de Google qu'en provenance de tous les réseaux sociaux confondus.

Surtout, le constat américain n'est pas forcément transposable ailleurs. Selon une étude menée en France fin 2013 par la directrice adjointe de l’Ecole de journalisme de Sciences Po Paris, Alice Antheaume, seuls quelques sites plutôt récents, comme Mediapart ou "Le Lab d’Europe 1", profitent à fond des réseaux sociaux (mais plutôt de Twitter que de Facebook). Les principaux sites d’infos français (Le Monde.fr, Le Figaro.fr etc.) obtiennent eux bien plus de trafic des moteurs de recherche que des réseaux sociaux. Pour la presse, Google n'est donc pas mort, mais il est prévenu.

picto En France, les sites de presse dépendent encore beaucoup plus de Google que de Facebook (Capture blog "Work in Progress")



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