Avenue Foch : la guerre du Monopoly
Brève

Avenue Foch : la guerre du Monopoly

Libérez l'avenue Foch ! Enfin un projet qui va animer la municipale parisienne !

L'avenue Foch, c'est l'une des avenues vertes du Monopoly, cet univers lointain, inaccessible, réservé aux Emirs, et aux rejetons de potentats africains, captateurs des biens mal acquis. Eh bien il s'agit de la rendre aux piétons, l'avenue Foch, aux foules de Parisiens qui en sont exclus. Il s'agit donc, rejetant la circulation autiomobile sur les bas côtés, d'y implanter, côté Arc de triomphe, un grand magasin, un hôtel de luxe, des commerces, surmontés de bureaux et de logements ; et côté bois de Boulogne, un parc. Hurlements immédiats du maire du 16e arrondissement de Paris, Claude Goasguen, qui se propose de mobiliser les riverains. Parfait. On imagine déjà les manifs de Rolls autour de l'Arc de Triomphe. Bref, projet convivial contre super-riches hérissés contre la mixité sociale : le casting est parfait.

Davantage que le projet lui-même, sur lequel on se gardera bien de se prononcer pour l'instant, c'est son storytelling qui intéresse. Ecoutons le JDD, qui a révélé l'affaire. "Ce projet ébouriffant est né il y a un an et demi, quand Marc Rozenblat débouche par hasard, à pied, sur l'avenue Foch. "J'ai toujours habité Paris et j'ai découvert, sidéré, cette autoroute intra-muros sans vie. Il n'y a ici pas un commerce, pas un café, pas un distributeur. Rien. Mais quel potentiel !" Ainsi, débouchant "par hasard" dans cette avenue mythique que, bien que Parisien, il ne connaissait que par ouï-dire, comme une sorte de Shangri-La, Rozenblat découvre "une autoroute intra-muros" dans laquelle, quel scandale, il n'y a "pas un commerce". On comprend sa sidération.

Sauf qu'à y regarder de plus près, rien ne trahit dans le projet de la mairie quelque objectif de mixité sociale que ce soit. Hôtel de luxe et bureaux n'attireront sans doute pas les classes laborieuses (il est bien question de logements sociaux, mais plus à l'Ouest, le long du périphérique). Quant à Rozenblat lui-même, ce "piéton" "sidéré" que le JDD nous présente, sans plus de détails, comme "l'un des concepteurs du projet", une petite recherche Google nous en apprend davantage sur lui. Ancien président de l'UNEF-ID, vieil allié de Monopoly des ex-trotzkistes de la direction du PS (Jean-Christophe Cambadelis et Jean-Marie Le Guen, "l'un des premiers à croire au projet" selon le JDD), recyclé depuis lors dans le business, quelque part entre les assurances et la promotion immobilière, son nom apparait dans plusieurs scandales ayant éclaboussé la mouvance, de l'affaire de la MNEF, au dossier Julien Dray (même si, dans cette dernière affaire, Rozenblat a fait condamner Mediapart pour diffamation, en première instance et en appel). Bref, dans la partie qui s'annonce entre la convivialité hidalguienne et les manifestants en Rolls, il faudra regarder derrière les apparences.

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