24 minutes d'agonie pour un condamné à mort (presse US)
Brève

24 minutes d'agonie pour un condamné à mort (presse US)

Une nouvelle méthode d'exécution fait polémique. L'état de l'Ohio a éxécuté un condamné à mort avec un mélange de deux produits jamais utilisés à ce jour aux USA : il a agonisé pendant 24 minutes.

Un mélange de somnifère et d'antidouleur (midazolam et hydromorpone) injecté par intraveineuse a été utilisé pour la première fois aux USA pour exécuter un condamné à mort. L'expérience a mal tourné puisque le prisonnier a agonisé pendant 24 minutes, dans la Southern Ohio Correctional Facility prison, située aux portes de Lucasville (Ohio).

Ces médicaments ont été utilisés car le produit habituel, le pentobarbital, d'abord destiné à anesthésier les animaux, n'est plus fabriqué aux USA depuis 2011. Et le fabricant refuse son emploi pour les exécutions.

L'agonie du condamné est à la Une de la presse de l'Etat de l'Ohio, qui souligne sa durée.

"La mort du condamné qualifiée d'horrible" titre, aujourd'hui, le journal régional Columbus Dispatch

Le condamné, c'est Dennis McGuire (53 ans). Il avait d'abord accusé son beau frère du viol et de l'assassinat de Joy Stewart, femme enceinte de 22 ans, morte égorgée, le 12 février 1989. Mais sa culpabilité avait été confirmée par des traces ADN, et il avait finalement reconnu les faits dans une lettre au gouverneur de l'Ohio le mois dernier. Ses avocats considèrent que sa condamnation à mort n'a pas tenu compte de son enfance durant laquelle il été battu et a subi des abus sexuels. Le dernier recours a été rejeté par la Cour Suprême.

Avant son exécution, McGuire a remercié la famille de la victime (qui a assisté à sa mort) pour la compassion qu'elle a manifesté à son égard dans une lettre qu'elle lui avait adressé.

Mais le communiqué publié par la famille après l'exécution n'est pas tendre : après avoir évoqué la polémique sur les produits employés, et la souffrance qu'ils pouvaient provoquer, la famille évoque les violences commises sur la victime du meurtre, et sa souffrance en estimant que le meurtrier "a été traité de manière nettement plus humaine qu'il ne l'a traitée elle" et que le mari de la victime s'est suicidé un an après.

"Le condamné est d'abord resté inerte pendant environ cinq minutes, puis il a commencé à gémir, à étouffer, à déglutir pendant plus de dix minutes avant d'être déclaré mort au bout de 24 minutes" indique l'agence AP.

Jo Ellen Smith, porte-parle de l'Ohio Department of Rehabilitation and Corrections s'est refusée à tout commentaire, indiquant seulemement que, comme après chaque exécution, les circonstances de la mort seraient étudiées.

Les avocats du défunt considèrent que cette expérimentation est un échec, et que l'exécution a violé les droits constitutionnels. Mais l'assistant du procureur de l'Ohio a repondu que si la Constitution banissait la cruauté, elle ne donnait pas, pour autant, droit à une exécution exempte de toute douleur.

Il y a encore cinq exécutions prévues cette année dans l'Ohio.

Le gouverneur républicain, John Kasich (élu en 2011) est un ancien chroniqueur de la chaîne conservatrice Fox News, où il avait son émission Heartland with John Kasich, entre 2001 et 2007 il a fait carrière chez Lehman Brothers jusqu'au dépôt de bilan en 2008.

Kasich n'est pas un chaud partisan de la peine de mort. Il a déja commué quatre condamnations à mort en détention perpétuelle sans possibilité de remise de peine, comme ce fut le cas, en 2012, pour John Jeffrey Eley (63 ans) atteint de troubles mentaux. Eley avait été condamné pour le meurtre du gérant d'un magasin en 1986.

"Le problème des injections n'est pas nouveau" signale une précédente dépêche de l'agence AP reprise par le Dayton Daily News

"En 1994, un juge a estimé que les prisonniers dans les chambres à gaz étaient susceptibles de souffrir d'une douleur atroce allant de 15 secondes à plusieurs minutes." Ce qui a conduit à passer à une mort par injection médicamenteuse..

L'Ohio est, pour l'instant le premier à avoir utilisé ce mélange, mais le Kentucky et la Floride utilisent chacun, l'un de ces produits associés à d'autres.

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