Brève

Roman Jauffret : DSK porte plainte contre France inter

Laure Daussy

16 janvier 2014 Maj: 16 janvier 2014

Et revoilà l'affaire DSK.

Après le livre de Marcela Iacub, c'est un autre roman qui sort aujourd'hui sur l'affaire DSK, La Ballade de Rikers Island, écrit par le romancier Régis Jauffret. L'ex-président du FMI a annoncé via son avocat à l'AFP qu'il va attaquer en diffamation Jauffret, qui raconte sa version de l'affaire du Sofitel, plutôt en défense de Nafissatou Diallo. DSK attaque aussi les éditions du Seuil, qui publient le livre, mais également France Inter. Jauffret était en effet invité de l'émission "Comme on nous parle", de Pascal Clark ce jeudi.

Pourtant, dans son livre, il ne cite jamais nommément l'ancien directeur du FMI. Il assure ne pas avoir "pensé du tout aux avocats" pour faire ce choix. Il nomme en revanche Nafissatou Diallo : "c'est un hommage" dit-il, "elle n'a pas été traitée comme les autres personnages, elle, elle a été traitée de manière colonialiste".

Que dit-il sur France inter qui puisse justifer les poursuites DSK? Nous avons appelé son avocat, qui ne nous a pas recontacté ce jeudi soir.

Voici en tout cas un montage des éléments qui pourraient susciter la plainte de l'avocat de DSK :

Jauffret y développe sa thèse : "ce dont j'avais été persuadé dès le début, c'est qu'il ne s'est pas aperçu qu'il l'avait violée, qu'il l'avait bousculée. Quand il sort, on voit bien sur la vidéo qu'il n'a pas conscience d'avoir commis un délit". (...) "c'est une femme qui n'était pas éduquée pour lutter, c'est pour ça qu'il n'a pas cru qu'il l'avait violée". Jauffret évoque aussi une phrase de Nafissatou Diallo qu'elle aurait réellement prononcée et qui attesterait du viol : "Est-ce que tous les clients ont le droit de faire tout ce qu'ils veulent avec nous?", et sa chef qui lui répond "non" et appelle la police. Il évoque également un DSK qui prendrait du viagra, et des journalistes qui auraient voulu le cacher. Et assure aussi que DSK ne met jamais de préservatif. "On va dire que c'est une vérité romanesque", dit-il, ajoutant "des journalistes se sont penchés sur la question, qui peuvent vous parler, en dehors des micros".

A l'AFP, son avocat Jean Veil assure : "M. Dominique Strauss-Kahn conteste formellement les déclarations diffamatoires de M. Régis Jauffret contenues dans son dernier livre ainsi que celles tenues ce matin à la radio dans le cadre de sa promotion". "Sous prétexte d'une pseudo enquête romancée, l'auteur, qui n'hésite pas à s'appuyer sur des conversations purement et simplement inventées, contredit les conclusions devenues définitives de la procédure judiciaire américaine" ajoute l'avocat.

Ce n'est pas la première fois que Régis Jauffret prend appui sur un fait d'actualité pour réaliser un roman. Il s'était déjà inspiré de l'affaire Stern, du nom de ce banquier tué par sa maîtresse pour écrire "Sévère", et de l'affaire Fritzl, du nom d'un père qui avait violé et séquestré sa fille pendant 24 ans en Autriche pour écrire "Claustria".

Rappelons que DSK avait été arrêté le 14 mai 2011 suite à une plainte pour viol de Nafissatou Diallo. Les poursuites pénales avaient été abandonnées le 23 août 2011 en raison de doutes sur la crédibilité de la plaignante. La procédure civile aux Etats-Unis avait pris fin un an et demi plus tard, le 10 décembre 2012, avec la signature d'un accord financier secret.

L'occasion de relire notre dossier sur DSK.