Dépenses publiques : Le monde vs Le monde
Dans son édito du jour, Natalie Nougayrède, directrice du quotidien, s’interroge sur l’identité européenne et le décrochage de notre pays vis-à-vis de l’Allemagne. Selon elle, "la France entretient depuis des années un chômage structurel qui n'est pas dû qu'à la surprotection de l'emploi public au détriment de l'emploi marchand. Il y a, à droite comme à gauche, une absence totale de réflexion sur ce que doit être l'Etat-providence – qu'il ne faut pas abandonner – dans une économie globalisée et qui le restera." |
Plus largement, écrit Nougayrède, "la faille [européenne] vient de ce qu'elle concentre 50 % des dépenses sociales mondiales. […] Dans la mondialisation, la France, avec ses taux de prélèvements et ses dépenses publiques record en Europe, prête particulièrement le flanc aux critiques."
Pourtant, dans le même journal mais quelques pages plus loin, l’économiste Daniel Cohen, par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde, torpille les discours sur la soi-disant dépense publique trop élevée : "il est devenu fréquent de dire que les dépenses publiques dépassent 56 % du produit intérieur brut. C'est absurde. Les dépenses effectivement absorbées par l'Etat sont beaucoup plus faibles. Les dépenses de fonctionnement représentent moins de 20 % du PIB. En incluant les charges d'intérêts et les investissements, on monte à 25 % environ, chiffre qui n'est pas très différent d'un pays à l'autre. Le reste ne mesure pas des dépenses, au sens économique du terme, mais des transferts d'une partie de la population à une autre, à un moment différé de leur existence. Parler de « dépenses » publiques laisse entendre que l'Etat les consomme, alors qu'il ne fait que les transférer." Une leçon d’économie que visiblement la directrice n’a pas eu le temps de lire.
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