Pire : vous devez disposer d’un compte Facebook vérifié, c’est-à-dire un compte pour lequel vous avez communiqué votre numéro de portable. Ainsi, comme le souligne le site Poynter, "pour commenter sur le Huffington Post, vous devez donner à Facebook votre numéro de téléphone."

Conséquence directe : les commentaires ne pourront plus être anonymes. Tim McDonald, directeur des communautés au Huffington Post, explique dans une note parue sur le site que l’utilisateur devra préciser ses "prénom et nom, ou simplement votre prénom et la première initiale de votre nom. Il s'agira de la seule information visible à l'ensemble de notre communauté. […] Si vous ne souhaitez pas relier votre compte Huffington Post à votre compte Facebook, il vous sera toujours possible de vous connecter et de mettre certains utilisateurs et leurs commentaires en favoris". Mais pas de commenter. Le Huff Post devient donc le premier à mettre en place ce mariage forcé. En France, si les autres sites de presse en ligne offrent la possibilité de s'inscrire avec un compte Facebook ou Twitter, aucun n’oblige à avoir un compte sur un réseau social pour publier un commentaire. Aux Etats-Unis, le site Poynter, déjà évoqué, a examiné les 50 plus grands titres de news pour ne trouver que trois d’entre eux exigeant un compte Facebook pour commenter.

Pourquoi une telle contrainte ? "Pour permettre aux gens d'exprimer leurs idées d'une manière courtoise et responsable" selon les termes de la nouvelle charte du site. N’est-ce pas plutôt le début d’une relation d’affaires entre Facebook et le Huffington Post ? Dans une interview arrachée par le site The Epoch Times, qui affirme avoir reçu plus de 10 000 commentaires d’anciens utilisateurs majoritairement mécontents, McDonald s’en défend : "Facebook a été choisi parce qu'ils ont le seul service d'authentification ouvert qui permet de vérifier les comptes. Nous étudions activement d'autres options pour authentifier nos utilisateurs." Autre sujet de courroux parmi les anciens du site : en août, Jimmy Soni, le rédacteur en chef du Huff Post – pour les intimes – avait annoncé la fin de l’anonymat en assurant cependant que les anciens comptes ne seraient pas soumis à l’obligation d’être lié à Facebook. Finalement, au 10 décembre, tous les utilisateurs étaient concernés par la nouvelle charte.

Ce mariage forcé est d’autant plus cocasse que le Huff Post n’est pas le dernier à dénoncer l’appétit vorace de Facebook pour nos données personnelles. Pour seul exemple cet article de novembre qui débute ainsi : "c'est un euphémisme de dire que Facebook ne se fait pas que des amis avec sa politique concernant la vie privée. Mais le réseau social de Mark Zuckerberg semble vouloir accumuler encore plus de vos données personnelles. Après les photos, les statuts, les messages privés, et tant d'autres choses, Facebook chercherait maintenant à traquer les mouvements de votre souris". Et bientôt les commentaires du Huff ?