Tablettes : un atout pour la presse ?
Brève

Tablettes : un atout pour la presse ?

L'étude Audipresse One parue ce matin devrait en rassurer plus d'un quant aux perspectives d'avenir de la presse écrite: tablettes et smartphones contribuent non seulement à la survie de l'écrit, mais mieux encore, à en augmenter les ventes. Depuis la sortie du premier iPad, les médias eux, directement concernés, font pourtant des constats particulièrement divers sur la question.

Dès qu'il s'agit du rapport de force entre le bon vieux format berlinois et l'iPad, les médias préférent souvent se placer du côté du manche. La parution d'une étude Audipresse One a été relayée dès ce matin par TF1, TV5, Le Parisien, le JDN, 20 Minutes etc.. sous l'angle suivant: "Presse: un tiers des lectures se font sur support numérique".

Moins commentée, une autre information de taille ressort du document : la croissance exponentielle des ventes de tablettes n'aurait pas de conséquence néfaste sur les ventes papier. Mieux, elle tendrait à les faire augmenter.

Une éclaircie que n'ont pas manqué de souligner Le Monde ("marque" de presse ayant enregistré parmi les meilleures progressions), Le Figaro (rappelant forcément qu'il est "leader en diffusion payée (et) le titre qui a gagné le plus de lecteurs en un an"), ainsi que Les Echos.

Pourtant la presse n'a pas toujours été claire sur son rapport avec les tablettes. Elle est même allée jusqu'à écrire tout et son contraire.

 

Souvenez-vous en avril 2010, sortait l'iPad dit "1ère génération". Aussitôt, une bonne partie de la presse a cru apercevoir le salut en ce nouveau rejeton d'Apple. Question providentielle, Le Monde par exemple se demandait, au mois de juin suivant: les tablettes numériques vont-elles sauver la presse ?

A peine un an plus tard, Le Figaro n'hésite même plus. Le marché des tablettes étant en pleine expansion, le quotidien de Dassault assure que Les tablettes profitent à la presse.

On y lit picto

"Le temps passé à lire des articles de presse augmente de 75% chez les utilisateurs de tablettes. Et 63% de ces mêmes consommateurs privilégient les acteurs traditionnels de l'information, ayant une marque forte, aux agrégateurs comme Google News, selon une étude réalisée par Starcom Mediavest et BBC.com et présentée par le Syndicat de la presse magazine (SPM)."

Des chiffres encourageants qui n'ont pas empêché "le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM), le Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR) et l’Association de la presse gratuite d’information (APGI)" de décréter qu'il était "incontestable que les producteurs de contenus (sous-entendu la presse) contribuent à la valeur perçue des équipements technologiques" . Il relève ainsi d’un enjeu de politique publique que d’instaurer des mécanismes de compensation du transfert de valeur, visant un objectif de rééquilibrage dans le cadre d’intérêts partagés." (AFP/ Les Echos, le 6 juillet 2013). En clair : instaurer une taxe sur les tablettes qui permettrait de financer les éditeurs de contenus et donc également de presse.

Et plusieurs médias (BFM/ Les Echos) de relayer cette théorie selon laquelle:

"Parallèlement aux mécanismes préexistants, la taxe sur les supports connectés proposée par la Mission Lescure est le seul mécanisme qui permet d'appréhender le nouveau transfert de valeur observé dans le monde numérique, particulièrement au détriment de la presse."

Une dissonance déjà évoquée en 2011

picto par Challenges.

Ledit rapport Lescure, remis le 13 mai dernier au président de la République et à la ministre de la Culture contenait quatre-vingt propositions concernant les bons usages culturels et d'internet. Pour financer "la transition numérique" des industries culturelles (parmi lesquels la presse), la mission Lescure proposait notamment de taxer les smartphones et les tablettes à hauteur de 1%.

Le rapport explique très sérieusement: "Compte tenu du poids qu'occupe la consommation de contenus culturels dans l'utilisation des appareils connectés, il serait légitime que ceux qui fabriquent et distribuent ces équipement contribuent au financement de la création. Le succès des terminaux connectés et les prix élevés que les consommateurs sont prêts à dépenser pour les acquérir tiennent en partie à la possibilité offerte par ces appareils d'accéder à un nombre quasi-infini de contenus culturels riches et divers pour lesquels, à l'inverse, les usagers sont de moins en moins prêts à payer."

Cette mesure, qui au même titre que la taxe Google, était souhaitée par les éditeurs de presse, a bénéficié d'un bel écho médiatique.

Au-delà des va-et-viens et des incohérences, c'est raté, l'éventualité d'une taxation devra attendre. Dans une interview accordée au Monde le 13 septembre, la ministre de la Culture Aurélie Fillipetti, assurait que la taxe sur les terminaux connectés ne serait pas dans la loi de finances 2014, "pause fiscale" oblige, avant d'ajouter dans un élan de lucidité: "L'étape suivante, c'est d'intégrer les nouveaux acteurs technologiques dans les mécanismes de financement de la création, parce qu'ils sont aussi des diffuseurs. Ce sera le cas en 2015."

Par David de Araujo

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