Réforme des retraites : Libé dénonce une "grosse manip"
Brève

Réforme des retraites : Libé dénonce une "grosse manip"

Passée sous silence sous Fillon, la mesure a le droit cette fois-ci à la Une de Libération sous le titre "La grosse manip". La revalorisation des pensions de retraite en fonction de l'inflation n'interviendra plus le 1er avril, mais le 1er octobre d'après la réforme des retraites détaillée cette semaine par Jean-Marc Ayrault. Ce qui est présenté comme un simple "décalage" par le premier ministre apparaît pour Libération comme une amputation sérieuse du pouvoir d'achat de tous les retraités, même ceux qui touchent une petite pension. Explications.

Les journalistes de Libération s'y sont mis à trois pendant deux jours pour comprendre l'entourloupe. Parmi la batterie de mesures annoncée par Jean-Marc Ayrault le 27 août, il y a le décalage de six mois de la hausse des pensions de retraite en fonction de l'inflation. Une mesure qui aurait pu passer inaperçue, vu la sobriété avec laquelle Jean-Marc Ayrault l'a présentée dans son discours.

"Il est hors de question de recalculer ou de baisser les retraites ! Le gouvernement refuse de sous-indexer les pensions pour plusieurs années. Les retraités seront néanmoins mis à contribution", a déclaré Ayrault. Oui, mais comment ? "Au lieu d’intervenir au 1er avril, la revalorisation annuelle des pensions, qui interviendra encore chaque année, bien sûr, aura lieu au 1er octobre. L’augmentation sera donc régulière, elle sera simplement décalée". Dit comme ça, difficile d'évaluer l'impact de cette mesure. Or, dans le dossier de presse (document PDF), un tableau récapitulatif indique les gains espérés par ce simple décalage : 600 millions euros dès 2014 et jusqu'à 1,4 milliard en 2020. Pour un simple décalage de date ?

C'est Libération qui a réalisé l'impact de cette mesure qui se voulait discrète. "Les retraités, y compris les plus modestes d’entre eux, seront bien touchés par la réforme. Jusqu’aux bénéficiaires du minimum vieillesse !", dénonce le quotidien qui rappelle que François Hollande avait promis de ne pas toucher aux petites retraites.

Jusqu'à présent, les pensions de retraite étaient revalorisées en fonction de l'inflation, chaque année, au 1er avril. En décalant de six mois cette revalorisation pour toutes les pensions de retraite du régime général, de substantielles économies vont être réalisées. Interrogé par Libération, Henri Sterdyniak, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), estime que c'est une perte de pouvoir d'achat : "En 2014, par exemple, avec une inflation à 1,2%, les retraités vont donc passer six mois supplémentaires sans bénéficier de la revalorisation qu’ils auraient eue sans la réforme. C’est 0,6% de perte de leur pouvoir d’achat". Libé a également sorti la calculette avec un cas pratique : "Dans le cas d’une inflation de 2%, un retraité avec une pension de 1 200 euros par mois touchera ainsi 144 euros de moins que ce qu’il aurait gagné sans la réforme". Un manque à gagner qui se cumulera chaque année, puisque tous les retraités auront toujours leur augmentation avec six mois de retard... Et plus l'inflation sera élevée, plus les économies réalisées par les caisses de retraites seront élevées.

Si Libération met au grand jour cette baisse discrète du pouvoir d'achat, cela n'avait pas été le cas en 2009. Car François Fillon avait déjà décalé de trois mois (du 1er janvier au 1er avril) la revalorisation des retraites en modifiant l'article 79 de la loi de financement de la sécurité sociale 2009. A l'époque, la mesure était passée inaperçue et avait même donné des idées : en 2012, la revalorisation des prestations familiales avait été décalée du 1er janvier au 1er avril. Un décalage maintenu en 2013 par Hollande.

Un nouvel élément pour notre dossier : "Retraites, derrière les propagandes"

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