Web : quand un bloqueur de pub se fait de la pub
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Web : quand un bloqueur de pub se fait de la pub

Peut-on faire de la publicité lorsque l'on est un logiciel de blocage de pub ? C'est la question qui se pose suite à l'initiative de Adblock sur Chrome (le navigateur de Google) qui a décidé de faire appel au financement en ligne, pour produire...une campagne de publicité destinée à mieux faire connaître cet outil de blocage des pubs en ligne !

C'est une idée étonnante que vient d'avoir Adblock, l'extension du logiciel originel AdBlock pour les navigateurs Chrome, Safari et Opéra (à ne pas confondre avec AdBlockPlus, disponible surtout sur Firefox). En effet, ce logiciel conçu pour bloquer les publicités sur les sites internet a décidé, pour se faire connaître, de faire...de la publicité. Un comble ! Autre fait marquant : cette publicité est amenée à être financée via une campagne de crowdfunding, donc par les internautes eux-mêmes. Cette campagne de pub pour un bloqueur de pub se lancera lorsque les fonds récoltés atteindront les 25 000 dollars, relève Clubic. "Nous allons utiliser les annonces pour se débarrasser des publicités. Nous allons utiliser l'argent récolté pour faire des bannières AdBlock et des publicités vidéo, et nous allons les montrer sur Internet à des gens qui n'ont pas AdBlock. Si nous récoltons suffisamment d'argent, nous mettrons en œuvre nos idées les plus folles de publicité afin de capturer l'imagination du monde entier", explique AdBlock sur le site de crowdfunding.

Devant cette stratégie étonnante, l'entreprise se défend aussi en expliquant que pour le moment 7 internautes sur 10 ne les connaissent pas, et qu'il est important d'étendre leur notoriété. Cette initiative fait beaucoup parler sur les sites spécialisés. Ainsi, PCInpact se demande si cette campagne de publicité n'augure pas d'une guerre des outils anti-pub à venir. Lui-même notamment financé par la pub, PCInpact ajoute : "On aimerait ainsi que, plutôt que de chercher à faire financer une publicité pour faire la promotion de son outil, l'équipe derrière AdBlock pour Chrome cherche à sensibiliser de manière massive sur les problèmes que pose la publicité lorsqu'il s'agit du financement des contenus et la promotion de réelles alternatives". De son côté, ZDNet juge l'action "schizophrène". "Une leçon tirée de romans d'anticipation de toutes qualités : pour assurer le succès de votre vaccin anti-pandémie, le mieux reste de diffuser le plus largement possible le virus", écrivent ainsi nos confrères.

La guerre des "bloqueurs de pub"

Derrière cette idée de Adblock se cache aussi la bataille entre lui et son concurrent le plus sérieux : AdBlockPlus. En effet si ce dernier est largement leader sur Firefox, il est en deuxième position sous Chrome. En lançant cette campagne pub via crowdfunding, Adblock tente clairement de profiter et d'accroître son avantage sur le navigateur de Google. Surtout, il tente d'élargir son nombre d'utilisateurs. Plus les utilisateurs sont nombreux, plus il est probable qu'ils donnent de l'argent pour utiliser le logiciel. En effet, AdBlock est un système "pay what you want", tandis qu'AdBlockPlus, lui, profite des publicités dites raisonnables pour se financer. En installant AdBlockPlus, l'utilisateur se voit proposer des listes des sites qui ont de la publicité acceptée ( car non intrusive). Et AdBlockPlus - ainsi que cela est indiqué sur son site - est rémunéré par "les grandes entreprises qui font de la publicité non intrusive". En clair : une entreprise qui fait de la pub non intrusive va payer AdBlockPlus pour entrer dans la liste des publicités acceptables. Ainsi, malgré le filtre mis en place par l'internaute, la pub s'affichera sur son écran, car elle est considérée comme non intrusive.

Ainsi, la concurrence entre les deux acteurs du marché se joue clairement sur le nombre d'utilisateurs. Dans le premier cas, plus les utilisateurs sont nombreux, plus les dons sont potentiellement importants, dans le second, plus les utilisateurs sont nombreux plus les annonceurs voulant figurer dans la liste des publicités acceptées vont payer cher.

Par ailleurs, cette initiative pose à nouveau la question de la façon de gérer les publicités en ligne. Faut-il ou non les couper totalement au risque de mettre en péril certains sites internet ? Le débat avait d'ailleurs été posé par Free en tout début d'année. Avec le lancement de la nouvelle version de sa box, Free avait mis en place - par défaut - un bloqueur de pubs. Une décision qui avait suscité nombre de protestations et de débat. Nous vous le racontions en détail ici.

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