Insécurité à Marseille : La Provence flingue Le Figaro
Brève

Insécurité à Marseille : La Provence flingue Le Figaro

Des touristes et des marins américains escortés par des policiers pour visiter en paix la ville de Marseille ? C'est ce qu'a raconté Le Figaro la semaine dernière, pour illustrer l'insécurité croissante dans la ville. Mais le quotidien La Provence dément aujourd'hui la version du Figaro. Contactée par @si, la journaliste du quotidien de Dassault s'explique.



Pour Le Figaro, "la scène semble à peine croyable". Et pourtant, d'après le quotidien, citant une serveuse de Marseille, des "membres d'équipage du porte-avions américain Truman (...) ont demandé à la police de les escorter pour visiter la ville en toute tranquillité !" Si cette scène peut surprendre, "la démarche des marins américains ne semble pourtant pas isolée, ajoute Le Figaro. Tout près de la Canebière, un groupe d'estivants déambulaient les jours suivants entourés eux aussi de policiers en uniforme faisant office «d'anges gardiens»".

Des touristes et des militaires américains obligés d'être escortés pour visiter en paix la ville de Marseille ? Le Figaro en rajoute une louche sur le thème de l'insécurité en citant l'administratrice générale du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. Des boutiques de luxe sont censées ouvrir dans le quartier du musée. Mais l'administratrice n'y croit pas, à cause, une nouvelle fois, de l'insécurité : "Cela ne marchera pas. C'est un appel au vol ! Il y aura peut-être des vigiles devant les magasins. Mais après? Que croyez-vous qu'il arrivera aux clients fortunés une fois qu'ils regagneront leur véhicule stationné près du quartier du Panier?" Des propos qu'elle aurait tenus lors d'un "dîner".

Le Figaro a-t-il trop chargé la barque en citant des témoignages non vérifiés ? Une semaine après la publication de l'article, le quotidien La Provence revient sur ces péripéties. La préfecture de Marseille, qui avait indiqué au Figaro ne pas être au courant de ces faits, change aujourd'hui de ton : toutes ces histoires ne seraient qu'un "grand délire". "La journaliste a peut-être confondu les policiers français et la police militaire américaine", ironise l'administration. "Il y a effectivement quelques patrouilles mixtes, avec des fonctionnaires d'ici, à notre initiative. Mais c'est surtout pour veiller à la discipline des marins et apporter assistance si besoin. Comme cela se fait depuis 20 ans, à l'arrivée de chaque bateau et quelle que soit la nationalité des troupes. Ce qui se pratique dans tous les ports d'Europe ! Par ailleurs, jamais aucun touriste ne nous a demandé de protection".

De son côté, l'administratrice du MuCem, dont les propos sur l'insécurité figurent dans l'article du Figaro, assure n'avoir "jamais été sollicitée pour un entretien". Dans un courrier envoyé à la direction du Figaro, et dont La Provence s'est procuré une copie, elle s'agace : "Ni le ton, ni le vocabulaire qui me sont prêtés dans l'article ne m'appartiennent. Quant au diagnostic que l'on me fait porter, il fait singulièrement contraste avec le constat que je fais quotidiennement (...) du caractère absolument paisible de la fréquentation de l'esplanade J4. Alors que le MuCEM a reçu quelque 800 000 visiteurs, aucun vol, aucune agression n'ont été constatés. Cela témoigne d'une réalité marseillaise très différente du portrait de la ville que cet article s'attache à donner".

Touristes escortés par la police : "je l'ai vu, mais je ne les ai pas abordés"



Jointe par @si, l'auteure de l'article du Figaro, Valérie Sasportas, qui regrette de ne pas avoir été contactée par le journaliste de La Provence, nous explique le contexte dans lequel elle a écrit cet article. A propos des marins américains escortés par des policiers français, la journaliste nous précise qu'elle n'a pas fait que citer une serveuse : "J'ai été témoin de la scène", nous explique-t-elle puisqu'elle se trouvait dans le restaurant. Seulement, la journaliste n'a pas compris qu'elle avait à faire à une "patrouille mixte" composée de policiers français et de membres de la police militaire américaine. Et faute d'avoir pu joindre la préfecture de police qu'elle a tenté de contacter à six reprises, elle ne savait pas qu'il existait un tel dispositif de "patrouilles mixtes" dans tous les ports français car la police militaire américaine "a tendance à répondre de manière trop violente" à tout incident. Ce n'est donc pas une spécificité marseillaise et le directeur de cabinet du préfet de police de Marseille, Gilles Gray, devait publier un droit de réponse dans Le Figaro.

Et les touristes escortés par des policiers ? "Je l'ai vu, c'était deux jours après. Mais je ne les ai pas abordés", nous explique Sasportas en vacances à Marseille. Quant aux propos de l'administratrice du MuCem, la journaliste du Figaro les maintient puisqu'ils ont été tenus lors "d'un dîner avec des décideurs", en juillet. "Elle était en face de moi et nous recevait en tant qu'administratrice du MuCem", nous explique Sasportas. Malheureusement pour elle, je suis journaliste". Se défendant de tout "Marseille bashing", la journaliste du Figaro nous confie que "ce n'est pas de gaité de cœur qu'on écrit ce genre d'article, surtout quand on vient de là-bas et qu'on y a toute sa famille". Allez, un pastis et tout ira mieux.

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