Brève

Slovénie : Quatremer et le "racket" de la vignette

Anne-Sophie Jacques

21 août 2013 Maj: 21 août 2013

Un journaliste en vacances reste toujours un journaliste. Et quand il s'estime victime d’un racket dans un pays étranger, il sort sa plume de sa valise et en informe le monde entier. C’est le cas du correspondant de

Libération à Bruxelles, Jean Quatremer.

Parti en congés dans les Balkans à bord de sa voiture familiale, le journaliste est victime d’un "vrai racket d’État" en Slovénie. Dans quel "traquenard" est-il tombé ? Un piège odieux. Quatremer s’est vu infliger une amende de 150 euros pour avoir omis d'acheter la vignette (de 15 euros) nécessaire pour circuler sur les autoroutes slovènes (tout comme en Autriche d'ailleurs). Problème selon le journaliste-vacancier : il est impossible de savoir que la vignette est obligatoire car les panneaux d’informations sont mal placés et, qui plus est, écrits en slovène, "une langue parlée par deux millions de personnes toutes mouillées".

Furieux, Quatremer raconte sa mésaventure sur son blog, "quitte à interrompre ses vacances quand l’Europe, ou du moins l’une de ses libertés fondamentales, celle de la libre circulation, est menacée par des bandits de grand chemin qui n’hésitent pas à rançonner les voyageurs". Pour lui, ce traquenard est tendu délibérément aux touristes : "il est clair qu’aucun Slovène ne paiera jamais cette amende : seuls les étrangers de passage qui ont le malheur de ne pas comprendre le slovène seront taxés s’ils se font prendre".

Le journaliste s’étonne alors que la Commission européenne ne se soit pas saisie de ce racket déjà dénoncé par de nombreux citoyens. Mais il est vite rassuré : dès le lendemain de la publication de son billet et de ses alertes via le réseau twitter, la Commission réagit en déclarant demander des explications à la Slovénie sur son système de vignettes. Comme il le raconte dans un deuxième billet, même Michel Barnier, commissaire européen chargé du marché intérieur, lui a adressé ce tweet : «visiblement les règles marché intérieur ne sont pas respectées. Nous faisons le point au plus vite avec les autorités compétentes ! Merci & bonnes vacances !» La voix et le témoignage de Quatremer sont d’or.

Mais Quatremer n’en reste pas là et prend son rôle de journaliste-citoyen-lanceur d’alertes très au sérieux en publiant un troisième texte avec photos à l’appui afin d’aider "la Commission à faire son enquête". Le journaliste y raconte son parcours du combattant pour accéder d’une part à l’information stipulant l’obligation d’acquérir une vignette, d’autre part à son achat qui, une fois fait, permet d’accéder "au niveau d'intelligence supérieure des Slovènes". Pas dit que Quatremer se fasse des amis en Slovénie… Mais le devoir passe avant tout : comme il l’estime dans son forum, "la presse ça sert à ça : donner de l'écho, lutter contre les injustices". Surtout quand elles sont si menaçantes pour les libertés des journalistes en vacances.