Barroso, profession épouvantail
Brève

Barroso, profession épouvantail

Feu sur Barroso ! Quand Guetta et Quatremer, le même matin, déchainent leur mitraille sur le président de la commission européenne, c'est qu'il se passe quelque chose.

Dans la succession d'agaceries verbales qui opposent depuis quelques jours les politiques français à Barroso (Hollande, puis Montebourg, suivis hier par Juppé, qui l'a traité d'archaïque), les deux éditorialistes français gardiens de l'eurolâtrie se rangent donc le même matin du côté des premiers, contre le second. Pour Guetta (chroniqueur diplomatique proche de l'ancien ministre des Affaires Etrangères Juppé, avec qui il a conduit un livre d'entretiens), la commission "pilote tragiquement mal" l'Europe. Pour Quatremer, Barroso est un "taliban du libre marché". Même si tous deux ont toujours pris soin de panacher leur eurolâtrie de critiques ponctuelles contre les excès libéraux de la commission, la violence du ton est assez inédite.

Que se passe-t-il ? Juppé, Guetta et Quatremer ont-ils découvert dans la nuit que la commission était dominée par la droite libérale ? Ont-ils été convertis dans la nuit à la nécessité de l'exception culturelle française, que Barroso qualifiait l'autre semaine "d'archaïque" dans une interview au New York Times ? Ont-ils soudain réalisé que le futur traité transatlantique était "une grenade dégoupillée par Barroso en fin de mandat" (Quatremer) ? Et ce soudain dessillement est-il en train de franchir les frontières ? Même Angela Merkel aurait déclaré (en off), que pour l'élection du prochain président de la Commission, il ne faudrait "pas se tromper".

Que se passe-t-il ? Il se passe, Madame Monsieur, que des élections européennes devraient se dérouler l'an prochain. Et que si l'on souhaite tenter d'éviter l'irruption massive, au Parlement, de mélenchoniens et de lepénistes de toutes nationalités, il faut à toute allure refaire un lifting à l'Europe, et rebadigeonner le "professeur dur et méchant" (comme dit Delors) en Europe solidaire, et compatissante à la souffrance des peuples. Pour reprendre la formule à la mode, il va falloir organiser les choses pour que tout change, afin que rien ne change. Barroso peut se préparer, dans l'année qui vient, à une belle carrière d'épouvantail.

 

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