Emploi et précarité : Demorand 2013 vs Demorand 2012
Brève

Emploi et précarité : Demorand 2013 vs Demorand 2012

Le patron de Libé, Nicolas Demorand, peut-il "d'une année sur l’autre écrire tout et son contraire" ? Oui, relève le blog Politeeks qui cite deux éditos contradictoires sur le système social français. En 2012, sous Sarkozy, Demorand ironisait sur "la précarisation du marché du travail" comme solution au problème du chômage. Un an plus tard, sous Hollande, le même Demorand convient qu'il "faudra rendre des droits chèrement acquis et des protections sociales".



Au lendemain du défilé de la CGT et de FO contre la réforme du marché du travail, le directeur de Libé, Nicolas Demorand, convient que l'ampleur de la crise nécessite un "compromis". Et quel compromis ! "En attendant, dans la panade, il faut travailler à sauver le travail. Ou ce qu’il en reste. Oui, pour cela, il faudra rendre des droits chèrement acquis et des protections sociales. Oui, il faudra bâtir des compromis au sein des entreprises sans quoi celles-ci fermeront. Oui, pour le dire avec ces mots autrefois clinquants, il faudra travailler plus pour gagner autant et peut-être même moins. Oui, ce scénario reste mille fois préférable au chômage. Aucune des phrases qui précède n’est dictée par l’idéologie qui normalement les inspire : le mépris social et la haine des pauvres qui, crise ou pas, s’exprime toujours sur le même ton. Il s’agit aujourd’hui de l’inverse : trouver le moyen, pour une période limitée, dans le dialogue social au sein des entreprises, de maintenir en activité des pans entiers de la population qui risquent sinon d’aller grossir les rangs des chômeurs", écrit-il.

Demorand 2013

Une grosse dose de compromis qui a fait bondir le blog Politeeks. Car un an plus tôt, en pleine campagne présidentielle, Demorand écrivait exactement le contraire dans un édito au titre prémonitoire "Volte-face" : "A moins de trois mois de l’élection présidentielle, les masques du paternalisme tombent. Et les euphémismes sont à nouveau de sortie : «compétitivité», «modernité». Comprendre : traiter le chômage par la précarisation du marché du travail. Laisser le choix au salarié entre la dégradation de ses conditions de vie et la perte de son emploi. Au passage, le faire contribuer, via la double peine de la hausse de la TVA, à des allégements de charge aux effets plus qu’incertains. Le cœur de cette vision du monde est simple : salariés et citoyens ont trop de droits pour que l’économie fonctionne correctement. Eux seuls sont, en dernière instance, responsables des déséquilibres de la balance commerciale, des points de PIB manquant à l’appel, de la croissance atone. Dans la grande volte-face de cette fin de quinquennat, en dépit des crises profondes du capitalisme, des discours vibrants sur l’Etat, des rutilantes commissions de Nobel d’économie sur la mesure du bien-être et le progrès social, nous voici revenus au socle idéologique de la bonne vieille droite française. Qui ose encore, en 2012, nous faire le coup de la «modernité»".

Demorand 2012

"Franchement doit-on en rire ou en pleurer ? Ce qui était simpliste en 2012 devient une obligation. Ce qui est désormais l’alpha et l’oméga, compétitivité et modernité étaient dénoncées… il y a a peine un an", grince le blog Politeeks tout en se voulant optimiste : "dans un an ou plus tard, le même Demorand peut très bien nous pondre un éditorial enflammé dénonçant ceux qui se sont abandonnés à ces idées ici vues comme simples puis adorables".

L'occasion de lire notre observatoire : "Accord syndicat-patronat : au fait, quelqu'un a gagné ?"

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