Censurer le porno sur Internet ? Polémique en Islande
Brève

Censurer le porno sur Internet ? Polémique en Islande

L'Islande va-t-elle devenir la première démocratie occidentale à censurer l'Internet pour bannir la pornographie en ligne ? C'est en tout cas l'objet d'un projet de loi envisagé par le gouvernement. Dans ce pays, qui se proposait de devenir le paradis du journalisme d'investigation, et accorde beaucoup d'importance à la liberté des internautes, le projet fait débat.
Ögmundur Jónasson, le ministre de l'intérieur (qui fait partie des Verts islandais) envisage d'appliquer la loi en utilisant des mesures techniques comme le blocage de l'adresse IP (Internet Protocol) des sites porno, et de rendre illégale toute utilisation d'une carte de crédit islandaise pour accéder à un site porno.

Techniquement, le blocage par adresse IP peut avoir des effets incontrôlés en bloquant d'autres sites que ceux qui sont visés. Idem pour le blocage par noms de domaine. En effet, si l'on veut bloquer un blog porno, on risque de bloquer tous les blogs, même non pornos, présents sur cette plateforme de blogs.

Sur son site, Jónasson répond à ceux qui parlent de "censure". Il estime que c'est une manière de fuir le débat, alors que, selon lui, la pornographie relève de la violence et de la torture en rappelant que la pornographie est déjà interdite en Islande (clubs de striptease et les revues porno imprimées notamment), mais que la loi n'est pas prévue pour s'appliquer à l'Internet.

L'actuel Premier ministre britannique, David Cameron (conservateur) suit le projet islandais avec attention, car il se dit très choqué que tant d'enfants soient exposés aux "aspects les plus noirs" de l'Internet remarque le tabloïd britannique Daily Mail qui fait campagne pour que l'accès des sites porno soit bloqué par défaut en Grande Bretagne. Dans cette hypothèse, les sites resteront accessibles seulement si l'internaute choisit d'activer cette option. Selon ce même Daily Mail qui évoque un éventuel consensus dans ce domaine pour protéger les enfants, l'opposition travailliste serait aussi favorable à un blocage.

"Le ministre islandais de l'Intérieur prépare une loi contre la pornographie après avoir consulté la police et des professionnels de l'éducation et de la santé. Ces derniers se sont montrés particulièrement concernés par l'impact de la pornographie en ligne sur les enfants, comme sur les femmes et leurs relations avec les hommes" explique l'Observer.

La mesure est techniquement impossible à mettre en oeuvre, et il n'y a aucune chance qu'une loi de ce genre puisse être adoptée par le parlement pense Birgitta Jonsdottir, poète et députée islandaise qui fut une activiste, porte-parole de Wikileaks, et une défenseuse acharnée du journalisme d'investigation. Jonsdottir reconnaît les bonnes intentions de Jónasson et le problème de la pornographie face aux enfants, mais elle estime que cela a déjà dissuadé plusieurs entreprises de s'installer en Islande. Elle prévient que l'Internet censuré placerait son pays aux côtés de la Chine et de l'Arabie Saoudite.


Le débat lancé en Islande fait le tour du monde : The Observer (Grande Bretagne) 17 février. Pnom Penh Post (Cambodge) 18 février.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.