Cahuzac / Mediapart : nombreuses zones d'ombre
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Cahuzac / Mediapart : nombreuses zones d'ombre

La contre-attaque s'organise.

Accusé par Mediapart d'avoir détenu un compte en Suisse non déclaré jusqu'en 2010, le ministre du budget, Jérôme Cahuzac, était ce matin l'invité de RTL.

Il a nié en bloc les accusations, en discréditant notamment l'un des documents sur lequel s'appuie le site d'informations. Parmi les pièces avancées par Mediapart figure un "mémoire en défense daté du 11 juin 2008, qui dort actuellement dans les archives du tribunal administratif de Bordeaux". C'est ce document, rédigé par Rémy Garnier, un agent du fisc du Sud-Ouest, qui mentionne l'existence d'un compte en Suisse. Pour Cahuzac, les accusations de ce document sont "délirantes", notamment parce qu'il serait indiqué qu'il posséderait une villa à Marrakech et une autre à La Baule.

Cahuzac et les accusations "délirantes" picto

Dans une interview à Europe 1, relayée notamment par l'AFP, l'avocat du ministre, Me Gilles August, a été plus direct : "M. Garnier a prétendu dans le même document (...) que Jérôme Cahuzac avait, je cite, une villa à Marrakech et une maison à La Baule. Moi je dis pourquoi pas une hacienda au Mexique ? (...) Il a un appartement avenue de Breteuil et une petite maison en Corse qui lui a été léguée par ses parents". D'après son avocat, Cahuzac n'a de biens immobiliers "ni à la Baule, ni à Marrakech, ni au Mexique, ni de compte en Suisse".

Autre élément de la contre-attaque : le financement obscur de son appartement parisien. Le document de cet agent du fisc indique d'après Mediapart que Cahuzac a acquis un "appartement parisien situé avenue de Breteuil pour le prix de six millions et demi de francs, financé comptant, en début de carrière, à hauteur de quatre millions dont l’origine reste douteuse". Douteux ? Mediapart confirme, après avoir consulté l'acte notarié : Cahuzac aurait lui-même "versé quatre millions de francs – 600 000 euros – « de ses deniers personnels »". Des suspicions que rejette Cahuzac, lequel indique qu'il publiera sur son blog le plan de financement de son appartement.

Dans cette affaire, de nombreuses interrogations subsistent. Cahuzac a reconnu sur RTL qu'il avait bien effectué un voyage à Genève. Mediapart assure que c'était un voyage qui a eu lieu quelques jours avant sa prise de fonction à la présidence de la commission des finances, le 24 février 2010, dans le but de fermer ce fameux compte. Cahuzac dément, tout en restant flou : il est en train de vérifier la date. Et pour quelles raisons aurait-il effectué ce voyage ? La réponse ne brille pas par sa précision : "Il est exact que je recevais des informations, d'ailleurs de nature fiscale, de la part d'informateurs qui me paraissaient plus ou moins sérieux et il est probable que j'ai effectué un déplacement à cette occasion-là, ou ailleurs pour voir ce qu'il en était des accusations qui pouvaient être formées par certains qui peut-être ne souhaitaient pas rentrer sur le territoire français". Mais suite à ce déplacement, il n'avait rien fait car les mystérieuses informations "étaient dénuées de fondement". Pas très clair donc...

Autre zone d'ombre : sa rencontre avec Rémy Garnier. Interrogé sur Europe 1, l'agent du fisc, auteur du fameux document, a affirmé qu'il avait été reçu par le ministre lui-même. Actuellement à la retraite, cet inspecteur avait reçu un "avertissement" de la part de son administration "pour avoir consulté, via le serveur interne baptisé Adonis, le dossier fiscal de Jérôme Cahuzac, sans raison apparente", expliquait Mediapart. Aujourd'hui, sur Europe 1, Garnier accuse : Cahuzac "m’a reçu, il a confirmé que selon lui l’administration fiscale m’avait tendu un piège au lieu d’utiliser mes qualités, tout en déclarant qu’il n’interviendrait pas (...) "Pour moi, M. Cahuzac n’a plus aucune crédibilité. C’est tout ce que j’ai à dire pour l’instant."

Dernière interrrogation: la villa à Marrakech et la maison de La Baule figurent-elles bien dans le mémoire Garnier ? Mediapart a-t-il vérifié l'existence de ces biens immobiliers ? Et si oui, au cas où ces allégations seraient fausses, comme l'assure la défense de Cahuzac, pourquoi le site n'en faisait-il pas état dans son premier article ?

Contactés, le cabinet de Cahuzac, Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, et Rémy Garnier, l'agent du fisc à la retraite, ne nous avaient pas rappelé en fin de matinée.

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