Marseille, les mystères d'une "expulsion"
Brève

Marseille, les mystères d'une "expulsion"

Que s'est-il passé, jeudi soir vers 19 heures, à Marseille ?

Les sites de presse du matin, reprenant tous une brève de La Provence, et une dépêche de l'AFP, font un concours de synonymes. Une trentaine d'habitants de Marseille ont "expulsé" (Le Parisien) des Roms qui occupaient depuis quelques jours un terrain proche de la cité des Créneaux. Ils les ont "délogés" (Europe 1); "chassés" (Le Point); "fait fuir" (Francetv.info). Aucun journaliste n'ayant assisté à la scène, il faudra s'en tenir aux versions des habitants (ou des Roms délogés, mais cela semble plus improbable).

Ou encore des policiers. Car la police, selon l'AFP, a assisté à la scène. Sans intervenir, apparemment, puisque "l'expulsion", ou la "chasse", a été menée à son terme. D'où quelques questions du matin: la police avait-elle des consignes ? En a-t-elle demandé à la préfecture pendant que se déroulaient les faits ? Ladite préfecture en a-t-elle à son tour demandé au ministère de l'Intérieur ? Questions d'autant plus pressantes que les habitants, dans l'après-midi, avaient prévenu la maire socialiste des 15e et 16e arrondissements de Marseille, Samia Ghali, celle qui avait, voici quelques semaines, demandé au gouvernement l'intervention de l'Armée pour régler les problèmes de sécurité, de leur intention de passer à l'action, si les Roms n'étaient pas délogés par la police. On peut imaginer que l'élue a elle-même averti la préfecture, laquelle a donc disposé de quelques heures pour arrêter sa ligne de conduite. On serait dans un Etat de droit, et plus encore dans un Etat de droit sous un gouvernement de gauche, ces questions seraient posées, et le gouvernement (de gauche) aurait à coeur de ne pas laisser accréditer le soupçon qu'il laisse se constituer des milices spontanées d'évacuation des Roms. Mais patience. Elles le seront peut-être.

Dans la foulée, ces habitants ont incendié ce qui restait sur le campement après le départ des Roms, à savoir des vêtements et de l'électroménager. La police, qui n'a verbalisé personne, maintient pourtant qu'aucune infraction n'a été relevée. Avis aux amateurs: incendier, sous les yeux de la police, le bien d'autrui, ne constitue plus une infraction. Où l'on découvre que Manuel Valls, mais oui, peut aussi parfois être laxiste.

(Photo du site du Parisien. Comme l'indique la mention "Archives", il ne s'agit pas du camp de Roms de Marseille. Après tout, des débris calcinés, ce sont des débris calcinés, n'est-ce pas ?)

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