Brève

Hénin-Beaumont : les électeurs trop volatiles d'OpinionWay

La rédaction

12 juin 2012 Maj: 12 juin 2012

Cette fois non plus, les sondages n'avaient pas annoncé les bons résultats. Après l'annonce de la large avance de Marine Le Pen lors des législatives à Hénin-Beaumont, et la troisième place de Jean-Luc Mélenchon, le site Atlantico s'interroge: l'échec de Mélenchon est-il aussi celui des sondeurs? Bruno Jeanbart, directeur général adjoint du sondeur Opinionway, énumère les causes de cette fiabilité toute relative. Un sombre constat, qui pourrait s'appliquer à presque tous les sondages.

Lorsqu’un sondage est réalisé, il est naturel qu'il faille y appliquer une certaine marge d’erreur. Mais à Hénin-Beaumont, le décalage entre les sondages et les résultats, dépasse la simple approximation. Dans un sondage Opinionway réalisé au début de la campagne, les pronostics pour le 1er tour prévoyaient que Marine Le Pen arriverait en tête avec 37 % des voix, suivie de Jean-Luc Mélenchon (25 %), et Philippe Kemel du PS (21,5 %). Les résultats du 10 mai (Mélenchon: 21,48 %; Kemel: 23,5 %; Le Pen: 42,36 %) montrent bien que le vote Front de gauche a été surestimé, et celui du FN sous-estimé.

Le constat était le même lors du 1er tour de l'éléction présidentielle. Les enquêtes d'opinion concernant Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se sont révélées très loin de la réalité des votes.

Interrogé par Atlantico, Bruno Jeanbart, d'Opinionway, admet que les sondages sont sujets à erreurs. Il dédouane cependant son employeur, en prétextant de la difficulté d’estimer le vote FN. "Le vote Le Pen reste difficile à évaluer car une partie des électeurs du FN n’assument pas leur choix. Les sondages sont donc corrigés à posteriori, mais il arrive que cela ne suffise pas pour supprimer les biais", assure-t-il.

Interrogé sur le "phénomène de mode Jean-Luc Mélenchon". Jenbart trouve une autre échappatoire : "L’électorat de Jean-Luc Mélenchon est volatil et donc très compliqué à mesurer." Il évoque aussi des "passerelles" entre le vote extrême-gauche et extrême-droite. "Certains sondés qui vote Marine Le Pen déclarent voter Jean-Luc Mélenchon car c’est un vote protestataire considéré comme plus acceptable." Mélenchon aurait par ailleurs une "personnalité clivante".

Autant d'arguments tout à fait recevables, mais qui sonnent bizarrement. En énumérant les facteurs expliquant le manque d'efficacité de son instrument, le sondeur indique aussi noir sur blanc pourquoi les sondages... continueront à se tromper.

A voir, notre émission sur un autre sondage étrange. Invité entre autres sur le plateau, Bruno Jeanbart.

(Aude Garachon)